Festival Black Movie: Kodoku, Meatball Machine
Anonyme quidam tokyoïte, Yuji se découvre un cancer qui ne lui laisse que quelques semaines à vivre. Or, quand la ville est recouverte d’un immense dôme de verre extra-terrestre, Yuji n’écoute que son courage et part combattre les nécrobrogs, ces monstres venus de l’espace.
SAIGNER SANS ENTRAVES
On doit au facétieux japonais Yoshihiro Nishimura (lire notre entretien) des films aux titres aussi fleuris que Tokyo Gore Police, Vampire Girl vs Frankenstein ou Mutant Girls Squad, mais Nishimura est aussi un maquilleur émérite qui a collaboré entre autres avec Noboru Iguchi dont les titres de films là non plus ne mentent que rarement sur la marchandise, de Dead Sushi à Zombie Ass. Des œuvres potaches certes, mais dont les qualités d'exutoire dada complètement dingues ne sont ni à négliger, ni à mépriser. Kodoku: Meatball Machine, pourtant, ne sort pas immédiatement la machine à faire du hachis parmentier humain. Le film s'ouvre d'abord comme une tranquille comédie de la lose autour d'un employé à la vie totalement terne et qui se sent inadapté au monde. Quelque chose gronde pourtant, comme le cancer qui menace de se répandre dans son corps.
En quelques plans sur des créatures sorties d'un clip de Froggy Mix et quelques images venues de l'espace (!), Kodoku Meatball Machine nous fait un clin d’œil : la bouteille de soda bien gazeux a vigoureusement été secouée et s'apprête à exploser. Les créatures surnaturelles s'invitent comme un deus ex machina, une allumette grattée sur une trace d'essence dans un récit dont le gratos est une religion. Kodoku Meatball Machine est un fourre-z'y-tout d'une générosité grosse comme ça, où le cadre finit recouvert de tant de sang qu'on finit parfois par ne plus rien y voir. Le long métrage va tellement loin dans l'absurdie et le gore furieux qu'il ferait passer beaucoup d'autres films gores pour des dînettes chez Jane Austen.
Tout ça pour quoi ? Pour le fun sans aucune limite de vitesse. Parce que la surenchère échevelée de Nishimura a quelque chose d'aussi jouissif qu'insensé, que l'inventivité des maquillages surprend sans cesse, et qu'on a le délicieux sentiment d'être une boule dans le flipper des 2 Unlimited. Yoshihiro Nishimura est-il fou ? Au contraire, il nous paraît très sain d'esprit de réaliser un film comme Kodoku Meatball Machine à l'heure actuelle. Et si dans l'espace, personne ne vous entendra jubiler - dans la salle, probablement un peu plus.
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Kodoku, Meatball Machine est sélectionné cette semaine au Festival Black Movie. Retrouvez notre entretien avec Yoshihiro Nishimura.