Kissed by Winter

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Kissed by Winter
Vinterkyss
Norvège, 2005
De Sara Johnsen
Scénario : Sara Johnsen, Ståle Stein Berg
Avec : Annika Hallin, Kristoffer Joner, Göran Ragnerstam, Linn Skaber, Fridtjov Såheim
Durée : 1h20
Sortie : 01/01/2005
Note FilmDeCulte : *****-

Victoria est médecin de campagne dans un petit village norvégien. Elle a quitté Stockholm pour commencer une nouvelle vie, loin de douloureux souvenirs. Un jour, le jeune réfugié Jadosh est retrouvé mort dans la neige. Les soupçons se portent sur le conducteur du chasse-neige Kai. Victoria se rapproche de lui et les deux vont entamer une liaison.

CHRONIQUE D'UNE MORT A ACCEPTER

La mort intéresse Sara Johnsen et Ståle Stein Berg, bien qu’ils éprouvent une certaine frayeur à l’idée de savoir qu’elle est inéluctable et des difficultés à accepter ce fait. L’idée de base du film était de raconter l’histoire de cette femme qui veut jouer à Dieu et se croit au-dessus de la mort. Le film va suivre le développement psychologique de Victoria, qui est à la fois une femme forte et indépendante mais aussi rongée par la culpabilité et la douleur d’une mort qu’elle ne veut accepter de voir en face. Il existe un fort contraste entre le personnage de Jadosh, qui est dominé par ses émotions, et celui de Victoria, qui refoule ses sentiments. Leurs deux histoires vont se retrouver mêlées au travers de l’enquête pour élucider la mort suspicieuse du jeune homme. Quand Victoria parle de Jadosh en disant qu’il était malheureux mais qu’il ne pouvait pas partir, cela résonne également comme un écho de sa propre existence. En effet, ce film se situe entre le drame humain et l’enquête policière. Il oscille également entre la nouvelle vie de Victoria et l’ancienne qui revient en d’incessants flash-back; les kilomètres qu’elle a mis entre les deux n’étant pas suffisants pour mettre un terme au passé. Elle veut recommencer sa vie mais n’emménage pas sa nouvelle maison, tout comme elle mettra du temps à débuter la liaison avec Kai, étant encore trop dans le déni des émotions. C’est l’amour inconditionnel de celui-ci qui va l’aider à sortir de sa torpeur, à retrouver le chemin de ses émotions, à enfin oser regarder la vérité en face. Les perpétuelles scènes du passé aident le spectateur à peu à peu comprendre le drame qui s’est joué dans la vie de Victoria, la conduisant à se comporter de cette manière. Jusqu’au moment de vérité ou elle comprend qu’elle ne peut plus mentir, que ce soit à Kai mais aussi à elle-même. Elle doit apprendre à demander pardon. Ce qu’elle fera lors de la très belle scène de fin qui alterne, dans un superbe montage, Jadosh qui attend sereinement la mort et Victoria qui fait face à celle-ci. Le tout étant sublimé par Hallelujah, la magnifique reprise de Léonard Cohen par Jeff Buckley. Une scène d’une très grande intensité qui laisse le spectateur abasourdi. Annika Hallin livre une composition bouleversante de cette femme à la fois forte et si fragile qui a perdu le contact avec ses sentiments. Le prix d’interprétation du festival pour son rôle de Victoria en étant la logique consécration. Un film placé sous le signe des paysages enneigés de la Norvège, qui joue un rôle secondaire important et contraste avec la chaleur des sentiments. Un chaud-froid qu’il serait dommage de rater.

par Carine Filloux

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