Kid
Billy et son frère Kid vivent avec leur mère sur une exploitation agricole en déliquescence. Le jour où ils partent vivre chez leur oncle et leur tante, le monde de Kid s’écroule : la seule personne auprès de qui il souhaite passer du temps, sa mère, n’est plus là. Mais comment la rejoindre ?
THE KID AIN'T ALL RIGHT
Que se passe t-il dans la tête de Kid ? C'est la question qui se pose pendant une bonne partie du troisième long métrage de la jeune réalisatrice belge Fien Troch. Kid, énième film à gamin avec belgitude folklorique ? Tout faux. Troch démontre de vraies qualités de cinéaste qui ne se repose pas que sur le seul potentiel mélodramatique de son jeune héros. Les plans très composés de la réalisatrice, son attention aux détails (l'ouverture sur quelques objets posés dans la maison) et au climat (un plan superbe de Kid sous un ciel qui gronde) élèvent le long métrage, lui donnent de l'ampleur là où l'écriture choisit le minimalisme.
On parle peu dans Kid. Ou on grommelle hors champ, tandis que l'attention de Troch reste sur son gamin aux grands yeux tristes, planté devant les choses, les deux pieds enfoncés dans le sol. Troch fait ressentir le nerf du drame en laissant de côté le pathos: son gamin n'est pas dans la séduction, son récit est elliptique. A l'arrivée, des ombres et une étrange tension. Sur un coup de tête, des gosses chahutent leur entraineur de foot. Sur un coup de tête, on croque dans du verre jusqu'à saigner. Fien Troch ne fait pas un portrait idéalisé d'une enfance confrontée à la cruauté. Elle parvient avec justesse à se pencher dans les pensées de son jeune héros, sa rage, son incompréhension face au monde des adultes. Tout en laissant de l'espace, tout en se résignant: on ne saura pas totalement ce qu'il y a dans la tête de Kid. Beau mystère et vraie belle révélation.