Keane
États-Unis, 2004
De Lodge Kerrigan
Scénario : Lodge Kerrigan
Avec : Abigail Breslin, Damian Lewis, Amy Ryan
Photo : John Foster
Durée : 1h33
Sortie : 21/09/2005
Un homme erre dans une gare routière, réclamant de l'aide et montrant frénétiquement une photo aux passants; celle de sa petite fille, enlevée dans cet endroit quelques mois plus tôt.
DELIVRANCE
Keane, c'est tout d'abord un incroyable Damian Lewis (Band of Brothers, Dreamcatcher), complètement habité par son rôle de père déboussolé qui respire une tristesse accablante. C'est aussi un aspect formel qui peut rebuter: plans séquences, cadres très serrés, photographie brute, aucune musique. L'image est comme William Keane: à vif. Mais ce parti pris de Kerrigan nous entraîne dans un tourbillon, au plus près du désespoir de Keane. Schizophrène, compulsif, Keane ne tient pas en place mais tourne en rond. Désoeuvré, le monde entier le rejette, il est en roue libre vers l'enfer. Le drame de sa vie a exacerbé ses pulsions de vie et de mort et il cumule presque rituellement les actes d'autodestruction, péchés qu'il lave maladroitement après-coup. Un ange passe (la petite Abigail Breslin, vue dans Signes, est confondante de naturel) et une porte s'ouvre enfin à lui. Comme si de rien n'était, il vit par procuration un quotidien heureux de simplicité. Mais pour en finir une fois pour toutes, pour faire ce deuil impossible, il va devoir tenter un improbable voyage dans le temps. Un douloureux pas en arrière, le présent devenant passé pour mieux sauter vers le futur. Un film à juste titre récompensé à Deauville, sobre et touchant.