Kaéna, la prophétie
France, 2003
De Chris Delaporte, Pascal Pinon
Scénario : Chris Delaporte, Tarik Hamdine
Durée : 1h25
Sortie : 04/06/2003
Né d'une collision avec un immense navire interstellaire, le monde d'Axis se limite à un arbre monumental. Une petite poignée d'humains vivent sur les branches, travaillant sans cesse pour fournir en sève des dieux particulièrement vindicatifs. Jeune fille entreprenante, Kaena refuse cette vie de labeur et tente de comprendre le mystère d'Axis.
ARGENT TROP CHER
Bien sûr on ne peut que saluer l'initiative de Chris Delaporte et de sa jeune équipe. Les créateurs du jeu vidéo à succès Heart of Darkness ont eu le courage de mener à bout la folle aventure de Kaena, la prophétie. Le pari était d'envergure. Jamais en France un tel projet n'avait vu le jour. Malgré un budget limité qui les a contraint à travailler avec des logiciels grand public trafiqués par leurs soins, douze écritures du scénario, la faillite du producteur initial, la mise au placard du film pendant deux ans, un changement imposé du nom de l'héroïne pour s'attirer une audience internationale, leur abnégation a fini par porter ses fruits. Après six ans de labeur acharné, Kaena, la prophétie marque une date dans l'animation française. Il s'agit en effet du premier film entièrement réalisé en 3D. Sur le papier, de belles intentions donc, avec une envie de captiver un public adulte par une intrigue complexe. Hélas, le miracle n'a pas lieu. L'inexpérience et les différentes galères expliquent peut-être, en partie, l'incroyable gâchis.
BRANCHE MORTE
Coquille vide au scénario abscons, Kaena, la prophétie ne parvient jamais à captiver. La faute principalement à des dialogues indigents et pompeux, des seconds rôles absents et une narration confuse qui rend le propos incompréhensible. Visuellement, hormis quelques belles images et un plan inaugural renversant, on n'atteint jamais la beauté plastique de Final Fantasy, référence du genre. Et ce n'est pas tant une question de moyen que de vision. Le monde d'Axis est terne, monochrome, sans vie. La réalisation manque singulièrement de peps et d'idée. Plus gênant encore, le long métrage aligne les références confondantes: l'arbre monde est emprunté au Château dans le ciel de Hayao Miyazaki, le graphisme des sélénites est calqué sur les créatures de H.R. Giger. Même la petite Kaena au look de fantasme adolescent (forte poitrine et petite culotte) singe le physique et le caractère ombrageux de la célèbre héroïne du manga Gunnm. Difficile au final d'éprouver de l'indulgence. Au chapitre des grands ratés de la création française censée raviver la fierté nationale par son progrès technologique, Kaena, la prophétie rejoint donc le sinistre Vidocq.