Just the Wind

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Just the Wind
Csak a szél
Hongrie, 2012
De Bence Fliegauf
Scénario : Bence Fliegauf
Durée : 1h31
Sortie : 12/06/2013
Note FilmDeCulte : *****-
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Suite aux attaques perpétrées contre des membres de leur communauté en Hongrie, une femme Rom vit dans la peur, avec son père et ses enfants. Elle aimerait partir avec eux, pour rejoindre son compagnon, installé au Canada.

LA PEUR, PETIT CHASSEUR

Sensation du dernier Festival de Berlin où il a reçu le Grand Prix des mains de Mike Leigh, Just the Wind n’est pas une caricature de film « berlinois », ce genre de longs métrages Dossiers de l’écran qui se limitent à leur sujet édifiant et qu’on a régulièrement vus dans la course à l’Ours d’or. Le Hongrois Benedek ‘Bence’ Fliegauf (lire notre entretien ici), réalisateur de Just the Wind, s’est fait connaître notamment avec Milky Way, splendide trip formel et expérimental constitué d’une dizaine de plans fixes et muets. Au-delà du voyage hypnotique, Fliegauf s’interrogeait autrement sur l’image, le temps, le son, des instruments de base utilisés pour un autre cinéma, où l’attention aux choses se faisait plus sensible, plus aiguë. Si Just the Wind est plus classique dans sa narration (des personnages, une histoire, des dialogues) et dans sa mise en scène (une caméra mobile qui suit l’action), il rappelle Milky Way par son hyper-attention aux choses, ici une menace hors champs, une peur peut-être imaginaire, un grondement : plus que ce qu’elle vit, comment elle pourrait souffrir, Fliegauf s’attache à ce que cette famille ressent, la crainte qui pèse sur sa nuque.

On aura vite fait de cataloguer Just the Wind en auteurisme européen à caméra qui suit ses personnages de dos comme 36 autres décalques de Rosetta. La mise en scène ici va plus loin que ça, l’accumulation de cadres serrés sur les personnages en mouvement crée un sentiment d’appréhension, une menace invisible qui pourrait surgir dans le cadre sans qu’on puisse l’anticiper, sentiment renforcé par l’usage d’une musique entêtante. Ici ou là s’invitent des plans sur la nature, qui est à la fois bucolique, magnifique (une fillette s’y balade avec une couronne de fleurs sur la tête) et horrible, pourrie (on y trouve des cadavres de porcs comme on pourrait y trouver d’autres macchabées). Just the Wind s’échappe du fait divers pour devenir un conte (père absent, bois maudits, ogres, mère-courage, enfant perdu). A la fois en lien direct avec la Hongrie d’aujourd’hui (l’histoire est inspirée de faits réels) tout en s’affranchissant de la reconstitution didactique. Ce qui rend le dénouement doublement glaçant. Il y avait un poids déjà sur le film, celui de ces intérieurs alourdis par des rideaux épais, une atmosphère glauque et irrespirable. L’issue froide et implacable dissipe la poésie morbide et crépusculaire de la dernière partie du long métrage, comme un vol d’oiseaux après un coup de feu. A l’arrivée, un film saisissant et impressionnant.

par Nicolas Bardot

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