Jurassic World : Fallen Kingdom

Jurassic World : Fallen Kingdom
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Jurassic World : Fallen Kingdom
États-Unis, 2018
De Juan Antonio Bayona
Scénario : Derek Connelly, Colin Trevorrow
Avec : Jeff Goldblum, Bryce Dallas Howard, Chris Pratt
Photo : Oscar Faura
Musique : Michael Giacchino
Durée : 2h08
Sortie : 06/06/2018
Note FilmDeCulte : **----
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Cela fait maintenant trois ans que les dinosaures se sont échappés de leurs enclos et ont détruit le parc à thème et complexe de luxe Jurassic World. Isla Nublar a été abandonnée par les humains alors que les dinosaures survivants sont livrés à eux-mêmes dans la jungle. Lorsque le volcan inactif de l'île commence à rugir, Owen et Claire s’organisent pour sauver les dinosaures restants de l’extinction. Owen se fait un devoir de retrouver Blue, son principal raptor qui a disparu dans la nature, alors que Claire, qui a maintenant un véritable respect pour ces créatures, s’en fait une mission. Arrivant sur l'île instable alors que la lave commence à pleuvoir, leur expédition découvre une conspiration qui pourrait ramener toute notre planète à un ordre périlleux jamais vu depuis la préhistoire.

JURASSIC PARK : FALLEN FRANCHISE

Apparemment, Steven Spielberg voulait déjà recruter Juan Antonio Bayona pour réaliser Jurassic World. S'il l'avait fait, Trevorrow n'aurait pas hérité des clés de la franchise. Parce qu'il n'est pas seulement le réalisateur incompétent de Jurassic World, il en est également, avec son partenaire habituel Derek Connelly, le scénariste. Et le tandem rempile pour Fallen Kingdom. Par conséquent, même avec un metteur en scène talentueux comme Bayona, qui plus est héritier de Spielberg, impossible de faire des miracles. L'introduction laisse présager du meilleur, Bayona réussissant précisément ce dont Trevorrow était incapable : la montée de la tension avant l'attaque. À plusieurs reprises à travers le film, le cinéaste s'amuse avec l'apparition de chaque dinosaure, de chaque menace : un éclair par-ci, de la lave qui goutte par-là, ou à l'inverse une lumière aveuglante qui empêche de voir au-delà de son propre reflet... Mais si ce premier acte n'est pas déplaisant, parvenant même à se faire touchant par moments (la relation entre Owen et son raptor dressé, pourtant une des idées ratées du précédent), il apparaît fort précipité, pour le meilleur et pour le pire. On ne perd pas de temps à quitter l'île...mais pour arriver où?

Dans un premier temps, on se surprend à ne pas trouver le film si bête que ça. Il a toujours fallu trouver un prétexte un peu fallacieux pour retourner sur l'île et le débat sur la nécessité de sauver ces animaux n'est pas inintéressant, même si le propos anti-spéciste avait déjà été traité, en mieux, dans Le Monde perdu. Ici s'ajoute une couche sur la bêtise de l'Homme et son incapacité à dépasser sa cupidité pour voir qu'il est responsable de sa propre extinction (magique petit bandeau quasi-invisible lors d'un flash info sur "le président qui doute de l'existence même des dinosaures"). Malheureusement, cette question s'incarne dans le récit par le biais d'une sous-intrigue continuant sur la lancée du concept de "manipulation génétique" à la Peur bleue du précédent film, poussant la vulgarité de l'écriture un peu plus loin vers la série Z, notamment dans la caractérisation toujours plus grossière des antagonistes.

Par ailleurs, le souci c'est que l'action et même la tension disparaissent complètement durant cette partie centrale, un gros ventre mou qui accouche alors d'un troisième acte confirmant un film tout petit dans son ampleur. À croire que Trevorrow a laissé le film de transition à un autre et s'est réservé le grand final pour lui. Durant le climax sous forme de maison hantée, Bayona s'éclate enfin sur quelques plans grandiloquents et cette scène de la chambre de l'enfant, aperçue dans la bande-annonce, mais au bout du compte, c'est bien chiche. Le film ne lui donne pas grand chose à se mettre sous la dent en termes de morceaux de bravoure. Il y a une séquence où deux personnages sont coincés dans un camion avec un T-Rex endormi qui aurait pu être un monument de stress comparable à la scène de la cuisine du Spielberg mais là aussi, comme la scène de la chambre, c'est vite expédié. De l'auteur, on retrouve un peu la patte quand le film touche à la mort et au deuil - une très belle scène d'adieu conclue le premier tiers - mais tout ce qu'il pourrait y avoir de porteur dans les thèmes est laissé en friche au profit d'un thriller pas si spectaculaire et bardé de bêtises, comme cette révélation tardive et inuile sur un personnage secondaire. In fine, le film n'est que marginalement meilleur que le Trevorrow, qui avait peut-être même un ou deux set-pieces plus mémorables.

par Robert Hospyan

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