Jumbo
France, 2020
Avec : Emmanuelle Bercot, Noémie Merlant
Durée : 1h33
Sortie : 01/07/2020
Jeanne, une jeune femme timide, travaille comme gardienne de nuit dans un parc d’attraction. Elle vit une relation fusionnelle avec sa mère, l’extravertie Margarette. Alors qu’aucun homme n’arrive à trouver sa place au sein du duo que tout oppose, Jeanne développe d’étranges sentiments amoureux envers Jumbo, l’attraction phare du parc.
YOU MUST BE THIS TALL TO RIDE
En voyant Noémie Merlant, nouvelle égérie du cinéma d'auteur français, en tête d'affiche d'un film sur une femme enfant un peu autiste qui tombe amoureuse d'un manège, on pouvait craindre un de ces films de genre français frileux qui évite le fantastique comme s'il s'agissait de quelque chose de sale et où l'amour interdit allait servir d'énième métaphore sur la tolérance face à la différence. Il n'en est rien. Dès ses premières minutes, pilotées par une Emmanuelle Bercot une fois de plus remarquable dans un rôle de mère adolescente sursexuée pourtant quelque peu caricatural, un humour cru inattendu surprend et donne le premier des nombreux tons qui parcourront ce premier film de Zoé Wittock. Par la suite, le film aux apparences déjà intemporelles - seul un portable vient jurer avec le look ringard des vêtements et des voitures - affiche ouvertement ses influences '80s comme si la réalisatrice avait choisi de développer ce que certaines séquences du Christine de John Carpenter pouvaient avoir de romantique ou de rejouer la communication entre humains et vaisseau extra-terrestre de Rencontres du troisième type à la sauce premier rencard. Plus assumée encore est la référence à Under the Skin et pourtant jamais le film ne partage la bizarrerie du film de Jonathan Glazer. Donnant parfois dans l'humour absurde conscient du saut de foi demandé par son postulat, Jumbo a pour vocation d'être plus accessible sans pour autant se dédire. D'ailleurs, ce sont les scènes muettes dans une nuit de néon, capturant à la perfection le caractère hypnotisant des lumières de la fête foraine et des mouvements des machines, qui sont les plus réussies. À coté, le drame humain s'avère trop grossièrement écrit pour emporter le morceau. Le virage vers un propos sur le rapport entre la mère et la fille, visiblement le véritable sujet du film, apparaît moins abouti. Reste un film sur un fantasme infantile à l'onirisme amblinien charmant.