Judas and the Black Messiah
États-Unis, 2020
Avec : Daniel Kaluuya
Photo : Sean Bobbitt
Musique : Mark Isham
Durée : 2h06
Sortie : 24/04/2021
Focus sur l'ascension de Fred Hampton, militant politique afro-américain, membre du Black Panther Party dans l'Illinois, décédé en décembre 1969 à l'âge de vingt-et-un ans.
I AM A REVOLUTIONARY
Non content de réussir à inscrire un récit tirés de faits réels dans un film de genre, en l'occurrence celui de l'agent infiltré, permettant ainsi de faire d'un cours d'Histoire un film de ficiton divertissant, Judas and the Black Messiah exploite ce mariage pour subvertir les codes de façon à porter en son intrigue même un propos politique. En effet, l'agent en question ici n'est pas un flic ou un agent du FBI mais un indic et même ce terme, portant une connotation péjorative, est trompeur car l'organisation infiltrée n'est pas un réseau de trafiquants mais un parti politique. Ainsi, alors que le contact au Bureau du protagoniste compare les Black Panthers au Ku Klux Klan, le film a tôt fait de montrer que le rapport entre les deux camps n'est pas aussi manichéen que le genre nous a habitués à le voir. En s'intéressant aux agneaux sacrificiels de cette histoire, le récit met également en lumière comment, bien des années après l'abolition de l'esclavage, les mêmes rapports de force subsistent encore. Comme son titre l'indique, Judas and the Black Messiah est l'histoire d'une trahison mais ce qui intéresse Shaka King est de montrer les mécanismes qui ont pu pousser à la trahison et à poser le blâme là où il se doit. Aussi grandiloquent soit-il, ce titre confère aussi récit la dimension iconique qu'il mérite et ne fait que souligner les tragiques trajectoires de ses personnages, incarnés à merveille par Lakeith Stanfield et surtout Daniel Kaluuya, décidément très fort. Il manque sans doute un petit quelque chose pour rendre l'ensemble plus nerveux et esthétiquement plus audacieux mais ça reste un film fort et engagé.