Journal de France
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France, 2011
De Raymond Depardon, Claudine Nougaret
Durée : 1h40
Sortie : 13/06/2012
C’est un journal, un voyage dans le temps, il photographie la France, elle retrouve des bouts de films inédits qu’il garde précieusement : ses débuts à la caméra, ses reportages autour du monde, des bribes de leur mémoire, de notre histoire.
JOURNAL DU MONDE
Le regard et l'écoute. Raymond Depardon à l'image, Claudine Nougaret au son. La simplicité de cette répartition des tâches illustre l'art dépouillé, de défrichage, allant à l'essentiel, de Depardon. Comme dans cet exercice de jeunesse où Depardon s'empare de sa caméra dans les rues de Paris, tournant sans coupe jusqu'à ce qu'il trouve le sujet qu'il va suivre. Comme lors de ces moments de Journal de France où il rêve d'un pays sans voiture pour pouvoir y prendre ses photos comme il le souhaite, sans auto qui parasite le cadre. Journal de France est une carte de l'Hexagone qui justement sort en salles après la réalisation, par le cinéaste-photographe, du très officiel portrait présidentiel (38 ans après un portrait moins officiel, celui de 1974, une partie de campagne). C'est aussi un journal du monde qui retrace son long parcours en un best-of impressionniste, du la guerre civile au Venezuela aux lendemains du Printemps de Prague en passant par les premières heures du règne de Bokassa. C'est un carnet intime aussi, ses essais dans une fête foraine où les jeunes femmes ont les cheveux crêpés, ses plans de Claudine Nougaret, ou les films super 8 de cette dernière sur le tournage du Rayon vert, rares instants de nostalgie induits par le format et ce passé évanoui où Marie Rivière et Rosette s'amusent autour d'Eric Rohmer.
Journal de France n'est pourtant pas une œuvre nostalgique, un crépuscule qui contemple amoureusement le chemin parcouru. Le chemin reste à faire, on suit les pérégrinations du duo dans la France profonde, dans des coins que Depardon connait moins bien que Djibouti, comme il le confesse. Toujours, le regard et l'écoute, qu'il s'agisse d'un échange avec Nelson Mandela ou quelques gars au bistrot du coin. Sur le souffle de la musique composée par Alexandre Desplat, les images diverses finissent par se retrouver, s'enchainent et se superposent lors des dernières minutes du film. Et laissent une empreinte.
