Joshua
États-Unis, 2007
De George Ratliff
Scénario : David Gilbert, George Ratliff
Avec : Vera Farmiga, Jacob Kogan, Dallas Roberts, Sam Rockwell, Celia Weston
Photo : Benoît Debie
Musique : Nico Muhly
Durée : 1h46
Sortie : 30/04/2008
Une petite famille américaine mène une vie parfaite en plein Manhattan jusqu'à la naissance de leur deuxième enfant. Peu de temps après l'arrivée de la petite Lily, son frère Joshua, 9 ans et surdoué, adopte un comportement tout d'abord étrange et qui va très vite devenir inquiétant. Les parents voient alors leur petite vie parfaite se transformer en cauchemar.
LE BON FILS
Sélectionné au dernier Festival de Gérardmer, Joshua joue pourtant à peine la partition du fantastique, mais semble paradoxalement toujours baigner dedans. Car le drame psychologique (ou psycho tout court) de George Ratliff (coup d’essai, coup de maître) gronde d’une inapaisable et inquiétante étrangeté, un équilibrisme entre réalité et surnaturel qui en fait un cousin du Birth de Jonathan Glazer. La même hésitation fantastique, l’utilisation décalée de la musique (hors des compositions purement horrifiques ici), la photo des intérieurs de l’excellent Benoît Debie (monsieur Irréversible, Innocence et Calvaire) dans la lignée de celle signée par Harris Savides, l’impression que l’appartement new-yorkais de Rockwell et Farmiga est voisin de celui de Kidman, une figure enfantine manipulatrice, trouble et perverse derrière une belle nature de cheveux, et cette première séquence de Joshua à Central Park, qui marche comme une variante de celle du film de Glazer.
Le traitement est plus classique ici, voisin d'une Malédiction autour d'un gamin vivant mal l'arrivée de soeurette (le bébé le plus choupinou de la planète). Joshua en rejeton d'Apophis, dieu du chaos en culottes courtes et hypnotisé par les rituels de mort égyptiens et la momification, ombre et menace permanentes sur le portrait de la famille parfaite mais dont les coutures craquent de toutes parts. Le film distille son atmosphère parano de spirale infernale saisissante (dépression post-partum ou présence démoniaque?), bien dense, bien tendue, sans se disperser dans les fanfreluches gratuites du genre. Vera Farmiga, en Marlène Jobert démente, et Sam Rockwell, trader au bord de la rupture, sont parfaits, tout comme Celia Weston en grand-maman bigote bien intentionnée. Joshua est un premier long métrage parfois impressionnant, malgré un dernier quart d'heure un peu en retrait, mais dont on garde les déraillements, cette scène où le garçon prodige, devant son piano, ajoute de sinistres fausses notes à son Mozart parfaitement appris, lissé, répété, et qui pourtant finit par déraper.