Jig

Jig
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Jig
Royaume-Uni, 2011
De Sue Bourne
Photo : Joe Russell
Durée : 1h34
Sortie : 30/11/2011
Note FilmDeCulte : ****--
  • Jig
  • Jig

Les 40èmes championnats du monde de danse irlandaise ont eu lieu en mars 2010 à Glasgow où 6 000 danseurs, leurs familles et professeurs ont afflué des quatre coins du monde pour une semaine riche en émotions ! JIG suit une année durant une dizaine de jeunes participants depuis leur préparation jusqu’à la compétition finale. Le film accompagne ces danseurs venus d’Irlande, des Pays-Bas, de Grande-Bretagne, des Etats-Unis et de Russie et raconte leurs efforts et leurs espoirs. La réalisatrice nous ouvre ainsi les portes d’un monde méconnu du grand public, un monde fait de travail acharné, d’obsession, de passion, de recherche de la performance, de succès et d’échecs et nous livre un étonnant spectacle où étranges perruques, maquillages colorés, diadèmes à strass et costumes chatoyants habillent cette quête obstinée de la perfection.

DANSEZ, DANSEZ, SINON NOUS SOMMES PERDUS

Avec leurs perruques dignes de Nelly Olsen qui aurait été projetée dans les 80's et leurs tenues chamarrées à côté desquelles les fringues de patineuses artistiques passeraient pour d'ascétiques fripes de bonne sœur, les petites héroïnes de Jig, documentaire consacré à la danse irlandaise, pourraient faire peur. Sue Gordon, qui a jusqu'ici travaillé pour la télé, gratte le vernis pailleté du kitsch pour voir ce qui pousse ces danseurs, fillettes ou grands garçons, à agiter frénétiquement leurs pieds. La principale limite de Jig apparaît assez rapidement. Avec son alternance d'interviews-confessions et de pas de danse, Jig donne souvent l'impression d'être davantage un reportage télé qu'un documentaire de cinéma. A l'heure où de nombreux documentaires trouvent leur place en salles, et où l'on pense que ce que l'on filme prime avant tout, ça reste une différence assez fondamentale et Jig, ironiquement, peine souvent à sauter le pas vers un point de vue moins effacé, à avoir un regard plus fort. Documentaire bridé donc, mais le sujet est riche et permet malgré tout de tenir sur la longueur.

L'histoire de Jig est d'abord sociale. Dans sa dernière partie, celle où se déroule la compétition de danse, Gordon délaisse la captation (on ne verra que des bouts de danse, aucune numéro en intégralité) pour se concentrer sur le public, familles, amis ou entraineurs. Derrière l'amusant décor, autour d'une coach qui semble échappée de Glee, Jig raconte aussi l'affrontement, un jeune homme d'origine sri-lankaise, seul parmi des danseurs blancs au Pays-Bas, un garçonnet accusé d'être homo (et ses parents de nier catégoriquement alors qu'il en est encore à l'âge des peluches), une classe sociale qui ne permet pas aux familles de payer des cours particuliers à leurs enfants. Gordon capte cette passion bille en tête comme moyen de transcendance de soi et de dépassement dans la société. Lorsqu'un des intervenants se demande ce qu'il ferait sans danse, on dépasse le cadre du doc décoratif sous inspiration Where the Hell is Matt. Et malgré ses indiscutables limites, il y a une certaine puissance dramatique qui fait qu'on se laisse finalement prendre à ce Jig.

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires