Jeanne captive
France, 2011
De Philippe Ramos
Scénario : Philippe Ramos
Avec : Mathieu Amalric, Liam Cunningham, Thierry Frémont, Clémence Poesy, Jean-François Stévenin
Photo : Philippe Ramos
Durée : 1h32
Sortie : 16/11/2011
À l’automne 1430, Jeanne d’Arc, prisonnière d’un puissant seigneur du nord de la France, est vendue aux Anglais. Entre les murs qui l’enferment, le temps d’un convoi longeant la mer ou près du bûcher qui la verra périr, des hommes tentent d’approcher cette jeune femme porteuse d’infini.
LA REBELLE DE LA FORET
Jeanne d’Arc revient sur les écrans, régulièrement ressuscitée par l’imaginaire collectif pour être tout aussi régulièrement brûlée à nouveau. Plongée dans un minimalisme radical (dés décors, des dialogues, des actions…), la Jeanne de Philippe Ramos est nettement plus Bresson que Besson. La filiation vient avant tout de l’intention du réalisateur d’éviter les clichés de la reconstitution théâtrale en éliminant tout ce qui est accessoire et superflu, jusqu’à la nudité la plus totale. Une démarche audacieuse d’austérité, mais qui souffre d’un manque de moyens flagrant. Lorsque Rohmer travaillait sur des adaptations historiques, il veillait toujours à ce que son budget ne dépasse jamais l’estimation de ses recettes, sans sacrifier l’essentiel : la mise en scène. On a ici l’impression que la succession de très gros plan sert de prétexte à masquer le vide des décors (nature brute sans beauté, pièces sans meubles), comme si montrer les lieux de tournages dans leur ensemble risquait de dévoiler leur contemporanéité. Seuls les costumes viennent nous rappeler l’époque du récit.
Autre particularité du film : tous les comédiens s’expriment avec une modernité elle aussi flagrante, anachronique, qui donne le meilleur comme le pire, avec l’impression de voir certains acteurs couler en direct et sur-jouer la superficialité comme dans une horrible sitcom, sans être ni Rohmerien ni Bressonien autrement que par les intentions. Cette volonté de filmer de manière ultra-réaliste une époque souvent fantasmée a pour résultat paradoxal de ne jamais donner l’impression de voir autre chose que des comédiens de 2011 ayant enfilé leur costume. L’artificialité en soi n’est évidemment pas à bannir, mais ce fragile équilibre radical s’accommode très mal d’une direction d’acteur parfois faiblarde et surtout d’une mise en scène terne et peu rigoureuse (les scènes de combats sont particulièrement indéchiffrables, et la DV rend le moindre ralenti baveux). Le jeu de mot est presque trop facile pour être cité, mais cette Jeanne ne captive pas des masses du tout.