Je vais bien, ne t'en fais pas

Je vais bien, ne t'en fais pas
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Je vais bien, ne t'en fais pas
France, 2005
De Philippe Lioret
Scénario : Olivier Adam, Philippe Lioret
Avec : Julien Boisselier, Simon Buret, Mélanie Laurent, Aïssa Maïga, Kad Merad, Isabelle Renauld
Durée : 1h40
Sortie : 06/09/2006
Note FilmDeCulte : *-----

Comme elle rentre de vacances, Lili, 19 ans, apprend par ses parents que Loïc, son frère jumeau, suite à une violente dispute avec son père, a quitté la maison. Loïc ne lui donnant pas de nouvelles, Lili finit par se persuader qu'il lui est arrivé quelque chose et part à sa recherche.

Le texte qui suit comporte plusieurs révélations quant à la trame de Je vais bien, ne t'en fais pas. Il est donc conseillé d'avoir vu le film avant d'en lire la critique.

TWIST À SAINT-AUBIN

L'on pourrait s'amuser à recenser tout ce qui, depuis la réalisation de mauvais téléfilm, appuyant scolairement ses symboles éculés (une balançoire vide pour symboliser l'absence fraternelle), jusqu'au terne général (teintes grisâtres et blafardes), concourt à l'échec du nouveau film de Philippe Lioret. Il y aurait également beaucoup à dire de l'extrême banalité des thématiques (le film, dont l'accolade est le motif humain récurrent, refusant l'idée même de conflit, seul le consensus l'emporte) et de l'entassement des poncifs et des clichés (notamment dans la représentation du couple). Il y a plus simple, mais cela implique de tricher: en ouverture du dossier de presse de Je vais bien, ne t'en fais pas, Philippe Lioret enjoint les critiques à se garder de révéler "le secret de [l']énigme" posée par son film. On conseillera donc aux futurs spectateurs, de cesser immédiatement la présente lecture, puisque, à en croire le synopsis, ce que nous allons "découvrir dépasse l'entendement". On ne saurait mieux dire: lorsqu'après plus d'une heure d'ennui, nous découvrons avec Lili (Mélanie Laurent) le pot aux roses, on tombe des nues. Non, frérot n'a pas fugué, il est mort et c'est papounet, rustaud en apparence, mais un cœur gros comme ça sous l'armure cravatée, qui signait les cartes postales! D'une délicatesse pachydermique, ce twist hénaurme fait d'un coup rompre les coutures, déjà trop apparentes, d'un drame couru d'avance et truffé d'incohérences. On ne croyait déjà pas beaucoup aux excès anorexiques de Lili face à la disparition de son frère jumeau; on se retrouve à s'étrangler de couleuvres au format boa. Ainsi une jeune femme si proche de sa famille, serait incapable de distinguer l'écriture paternelle de la graphie du frangin? Ainsi des parents joueraient une telle comédie macabre, que l'on voudrait nous faire passer pour du miel? Et quid de l'hôtelière, qui vit passer le jeune homme et son étui à guitare bleu?… La vingtaine de minutes restante, censée résoudre ces questions de bon sens, a tôt fait de s'effondrer, à force de vouloir boucler au chausse-pied son impossible Cluedo (la palme revenant au mystère de l'étui à guitare). Reste toutefois un baromètre assez confondant de la médiocrité au quotidien, en particulier dans son abjection musicale, en un monde où, iPod rivé aux oreilles, l'on écoute Brassens revisité par Patrick Sébastien, ou Compay Segundo en remix hip-hop. Terrifiant.

par Guillaume Massart

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