Je suis un cyborg
Saibogujiman kwenchana
Corée du Sud, 2006
Durée : 1h45
Sortie : 12/12/2007
Internée, Young-goon est persuadée d'être un cyborg. Elle refuse de s'alimenter, préférant sucer des piles et parler aux distributeurs automatiques. Il-Soon pense que tout va bien! Grâce à son pouvoir qui lui permet de voler les qualités des gens qu'il observe, il est le seul à la comprendre. En tombant fou amoureux d'elle, il va tenter de la ramener à la réalité.
ROBOT APRES TOUT
Trêve de coups de marteau dans la face, de tendons d’Achille tranchés, de dents arrachées à la barbare, d’enfants torturés et de ciel en colère, messieurs dames vengeance sont rangés des voitures. Lady Vengeance constituait ainsi le chapitre final de la trilogie vengeresse de l’explosif Park Chan-wook, entamée par le noir c’est noir Sympathy for Mr Vengeance et prolongée par le dingo Old Boy, privé pour un cheveu de la Palme d’or il y a trois ans. Place à l’amour, la romance et ses vertes prairies avec Je suis un cyborg, qui sonne comme un nouveau départ salutaire pour un auteur dont les derniers enfants (Lady… donc mais aussi le court Coupez!) sentaient la redite et la panne d’inspiration. Je suis un cyborg part dans tous les sens, et c’est peut-être son défaut, cette posture en roue libre qui laisse parfois entrevoir la mécanique un soupçon vaine du scénario (accumulation de caractères chelou et de facéties fofolles), sans réelle progression dramatique. Mais l’énergie de Park ainsi que son originalité font le reste.
HUMAN AFTER ALL
Disposant de très confortables moyens techniques, Park Chan-wook livre un rutilant bolide qui, d’un point de vue formel, ne se repose pas une seconde sur ses doux lauriers, promenade en Rolls dès le générique sur le chemin d’une love story atypique portée par l’inventivité de la mise en scène et du montage ainsi qu’une photo absolument éclatante. Le conte cassé débute dans une usine de Oompa Loompas où Young-goon, désespérée d’être sans raison d’être, s’imagine cyborg et se réfugie dans sa schizophrénie d’acier et de moteur pour mieux fuir l’absurdité de son quotidien, celui des tapis roulants d’une usine ou des couloirs d’un asile peuplés d’étranges olibrius. Je suis un cyborg, sur un mode plus léger, rejoint l’anxiété existentielle des héros passés du réalisateur, leur angoisse d’un monde fuit par l’envoûtement d’une clochette à la fin de Old Boy ou ici dans l’aliénation qui fait converser avec des néons ou des machines à café plutôt qu’avec son voisin de cantine. Entre quelques réjouissantes scènes de mitraille et une galerie de personnages bien sentis, Je suis un cyborg, à la structure un peu frivole, sonne comme une parenthèse plutôt réussie, avant Evil Live, le projet fantastique du Coréen volant.