Je suis un assassin
France, 2004
De Thomas Vincent
Scénario : Maxime Sassier, Thomas Vincent
Avec : Anne Brochet, François Cluzet, Bernard Giraudeau, Karin Viard
Durée : 1h47
Sortie : 11/08/2004
Un romancier raté croise l'un de ses collèges fortunés dans une gare. Ce dernier lui propose un étonnant contrat: tuer son épouse et travailler pour lui en tant que nègre. A court d'argent, l'auteur frustré accepte.
LE MASQUE ET LA PLUME
Pour son second long métrage, Thomas Vincent rêvait de mettre en scène un grand film noir, un polar qui respecterait les lettres de noblesse du genre. D’autres cinéastes avant lui s’étaient frottés avec plus ou moins de succès à l’écriture distante et ironique de Donald E. Westlake, comme Jean-Luc Godard (Made in USA), John Boorman (Le Point de non retour) ou Michel Deville (La Divine Surprise). Pour apprivoiser le style si particulier du romancier américain, l’auteur de Karnaval s’est adjoint un quatuor d’interprètes haut de gamme: François Cluzet dans le rôle de l’écrivain pigeonné, Karin Viard sa compagne soumise mais vénale, Bernard Giraudeau le salaud intégral, prêt à tout pour regonfler son ego d’artiste et enfin Anne Brochet la femme fatale, bientôt victime d’une machination diabolique. Hélas, le film que découvrira le public en salles ne sera qu’une version tronquée de l’œuvre originelle. Jugé trop long par les producteurs, le premier montage de 2h30 a été raboté pour de sacro-saintes raisons commerciales, et ramené à une durée plus facilement exploitable. Tant pis alors si Je suis un assassin souffre de ruptures de ton difficilement compréhensibles, de trous béants dans la narration et de pistes évacuées trop vite.
MEURTRIER MALGRE LUI
La première heure est pourtant particulièrement prometteuse. L’intrigue se met rapidement en place et l’on se délecte à l’avance du sort réservé à notre infortuné héros, un écrivain raté qui accepte pour de l’argent et la publication de son nouveau roman, de commettre un crime sur la femme de l'un de ses confrères. Parfait en loser parano, François Cluzet parvient à distiller un soupçon de folie à son personnage faussement lisse. Influencé par Alfred Hitchcock, Thomas Vincent prend en effet un malin plaisir à jouer du contre-pied. Les masques tombent: l’auteur frustré cache une importante part d’ombre, son épouse succombe à une douce folie et le fameux commanditaire semble regretter son geste… Le trio se retrouve dans la luxueuse maison de ce dernier. Le récit s’effiloche, perd de sa cohérence, s’enfonce dans l’hystérie psychologique. Les motivations s’embrument et la fine analyse des rapports humains se transforme en caricature, à l’image de cette scène grotesque dans laquelle le personnage incarné par Karin Viard boxe le client d’un restaurant pour s’initier aux joies du sado-masochisme. On devine aisément la présence de coupes brutales. Le DVD viendra peut-être rendre justice à la vision du cinéaste.