J'attends quelqu'un
France, 2006
De Jérome Bonnell
Scénario : Jérome Bonnell
Avec : Nathalie Boutefeu, Eric Caravaca, Jean-Pierre Darroussin, Emmanuelle Devos, Florence Loiret-Caille, Sabrina Ouazani
Durée : 1h36
Sortie : 21/03/2007
Une petite ville… Père divorcé, patron de café, Louis éprouve pour Sabine plus que de l’affection. Ils se retrouvent souvent à l’hôtel, l’après-midi. Mais pour cela, il la paye. Elle a d’ailleurs d’autres clients… Secret, il ne confie sa peine à personne, même pas à sa sœur Agnès dont il est pourtant très proche. Celle-ci, institutrice, est mariée avec Jean-Philippe depuis longtemps. L’amour, la complicité et les années n’empêchent pas les mélancolies passagères. Un jour, Agnès croise Stéphane, un jeune homme qu’elle a connu enfant. Lui aussi transporte un lourd secret…
ENSEMBLE, ET C'EST À PEU PRÈS TOUT
De Bonnell, on avait apprécié la grande fraîcheur et la grave légèreté du Chignon d'Olga, premier film épatant, que signait un cinéaste jeune et — pardon pour le cliché — plein d'allant. Le cap du deuxième film, Les Yeux clairs, fut ensuite un tournant auquel on l'attendit donc fermement, pour n'être au final qu'à moitié convaincu par un scénario à l'intérêt fluctuant, sauvé avant tout par une direction d'acteurs assez réjouissante. Sans surprise, J'attends quelqu'un (titre à la Gavalda, qui tombe bien en cette semaine de sortie d'Ensemble, c'est tout) poursuit malheureusement ce mouvement. Film choral plus ou moins assumé, ce troisième long pendait en effet au nez de Bonnell: photo anonyme, Stevie Wonder (Stevie Wonder!) à la B.-O., stricte mécanique scénaristique, J'attends quelqu'un fait office de véhicule à morceaux de bravoure pour comédiens accomplis. Contrat sans grand enjeu (que Bonnell, d'ailleurs, filme davantage comme une compilation de bouts d'essais, en plans-séquences sur visages affectés, qu'il ne met en scène), mais rempli toutefois: Emmanuelle Devos joue bien le trouble quadra (belle séquence d'étourdissement sensuel pré-coïtus, hélas très sagement interruptus), Darroussin la misère sexuelle, Florence Loiret-Caille la pute au grand coeur — exception: Sabrina Ouazani, embarrassante en trop jeune maman... Autant de figures imposées du drame de province, panneau dans lequel Le Chignon d'Olga, justement, évitait pourtant de tomber. Que la finalité de tout cela soit d'afficher face caméra, après un très impudique et grossier recadrage, les larmes d'un personnage ne supportant pas qu'on puisse le voir pleurer, suffit à renseigner sur l'ambition à gros sabots animant l'entreprise.