Janem janem - mon âme, mon âme

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Janem janem - mon âme, mon âme
Janem janem
France, 2006
De Haim Bouzaglo
Scénario : Haim Bouzaglo, Lisa Mamou, Sarah Romano
Avec : Reymonde Amsallem, Avital Dicker, Amos Lavie, Danny Rytenberg, Haim Zenati, Dor Zweigenbom
Durée : 1h44
Sortie : 01/11/2006
Note FilmDeCulte : ****--

A 40 ans, Eldi Nathan voit mourir son équipier militaire sous ses yeux. De retour chez lui, il dresse un bilan de sa vie en parallèle de l'histoire de son pays : Israël. Il part pour Paris. Mais aussitôt passée la frontière, Eldi fait le tour de l'aéroport et rentre clandestinement dans son pays pour le voir autrement. Il se joint à un groupe de travailleurs étrangers et partage leurs conditions de vie et de travail. Il devient étranger dans son propre pays, clandestin à quelques rues de son domicile.

ISRAËL DE TRÈS PRÈS

Il se passe quelque chose en terre cinématographique d'Israël et la sortie coup sur coup de deux films d'Haim Bouzaglo (outre ce Janem janem, Distorsion sortira le 22 novembre) en est, après Prendre femme et en attendant Une jeunesse comme aucune autre, un indicateur supplémentaire. Caractéristique commune d'un cinéma ancré dans son présent immédiat, Janem janem prend acte du mouvement de la société israélienne et, dès le pitch (un homme décide d'observer son pays de l'intérieur, en se faisant passer pour un clandestin), assume frontalement sa position de témoin. Le résultat pourrait être donneur de leçons, misérabiliste ou d'un spectaculaire douteux (à l'embarrassante manière de Frères d'exil, de Yilmaz Arslan, sorti en avril). Mais une réelle habileté d'écriture tire Janem janem de cet écueil. Un peu comme l'allemand Au loin, les lumières, le film se fait en effet choral sur un mode habile, départi de toute notion de jugement moral, aux accents documentaires vivants et chauds, échappant à la froideur d'un prisme vériste parfois contraignant.

L'Israël que dépeint Bouzaglo est rude et miséreux. Il est pourtant habité par une chaleur humaine et une solidarité fortes, une joie de vivre jouisseuse, une quête du bonheur jusque dans la mouise. Cette narration, éclatée en divers pôles de personnages, parvient à ne jamais s'égarer et se dispense d'effets superfétatoires de déconstruction, pour se contenter de montrer, d'investir, de dévoiler la vie en se posant sur son fil. A vouloir coller de si près à Israël, Janem janem pêche en revanche, de façon révélatrice, par une propension regrettable à s'en tenir à une seule échelle de plan, très rapprochée. Le tunnel de gros plans d'une heure et demie qui nous est ainsi donné à voir, caméra nerveuse, chargé d'un montage très cut et d'effets sonores trop marqués, trop ostensibles, peut parfois donner le tournis. Il faut toutefois passer outre cette fougue mal contenue, ce manque de nuance dans la mise en scène, qui certes empêchent le film de s'affirmer pleinement, mais n'en annihilent pas pour autant les nombreuses qualités.

par Guillaume Massart

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