Jack le chasseur de géants

Jack le chasseur de géants
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Jack le chasseur de géants
Jack The Giant Slayer
États-Unis, 2011
De Bryan Singer
Scénario : Mark Bomback, Darren Lemke, Christopher McQuarrie, Dan Studney
Avec : Nicholas Hoult, Ewan McGregor, Bill Nighy, Stanley Tucci
Photo : Newton Thomas Sigel
Musique : John Ottman
Durée : 1h54
Sortie : 27/03/2013
Note FilmDeCulte : **----
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Lorsqu’un jeune fermier ouvre par inadvertance la porte entre notre monde et celui d’une redoutable race de géants, il ne se doute pas qu’il a ranimé une guerre ancienne… Débarquant sur Terre pour la première fois depuis des siècles, les géants se battent pour reconquérir leur planète et le jeune homme, Jack, doit alors livrer le combat de sa vie pour les arrêter. Luttant à la fois pour le royaume, son peuple et l’amour d’une princesse courageuse, il affronte des guerriers invincibles dont il s’imaginait qu’ils n’existaient que dans les contes. L’occasion, pour lui, de devenir une légende à son tour.

CHASSEUR DE MOUCHES

Le projet ne rassurait pas. Les bandes-annonces ne rassuraient pas. Le report de la sortie ne rassurait pas. Les premiers échos ne rassuraient pas. Pas de surprise, à l'arrivée, Jack le chasseur de géants ne vole pas haut. Le résultat est loin d'être catastrophique, mais s'avère juste totalement anodin. Sans jamais être foncièrement mauvais, le film demeure banal tout le long. Il n'y a aucun souci à rester dans un récit balisé et à respecter un cahier des charges à la lettre mais lorsque l'exécution reste à ce point dans les rails, surtout quand le potentiel est là, c'est dommage. On ne s'ennuie jamais mais l'encéphalogramme reste plat. La recette est correctement appliquée mais n'est au service de rien, pas même d'une réinterprétation de conte de fées, comme c'est la mode, à l'instar d'un Blanche-Neige et le Chasseur par exemple. Bryan Singer cite Princess Bride comme référence mais l'influence du film culte de Rob Reiner est invisible dans le produit fini. Ici, il n'y a jamais de recul, jamais on ne joue avec les conventions. Au contraire, on les embrasse. Il n'y a pas une réplique qui ne soit pas un poncif, qui ne passe pas pour le genre de dialogues temporaires qu'on laisse dans un premier jet. Encore une fois, rien ne fait grimacer. Même quand les quelques tentatives d'humour tombent à plat, ce n'est pas un plat fracassant, c'est juste là. Et rien n'en émane. Il en va de même pour les personnages. Nicholas Hoult et Ewan McGregor sont tout à fait charmants et auraient pu camper un tandem digne de Luke Skywalker et Han Solo, mais le film n'en fait rien. Tout est un peu laissé en friche. Les méchants ne sont pas mieux lotis. Qu'il s'agisse de l'humain traître Roderick ou du géant à deux têtes Fallon, la caractérisation se fait tristement fonctionnelle. De la part du cinéaste qui nous a donné Keyser Soze et Magneto, ça fait mal.

GÉANT DE PAPIER

A ce titre, pour les quelques personnes qui s'intéressent au cinéma de l'auteur, c'est une vraie déception. Visuellement, le metteur en scène n'a jamais eu un style très marqué mais son dernier opus parvient malgré tout à passer pour son œuvre la plus impersonnelle. Malheureusement, c'est également le cas en ce qui concerne le fond (c'est peut-être le premier Singer où l'action est supérieure à l'écriture). Même ses films les moins aboutis (Ennemi public, Un élève doué, ou pour certains, Superman Returns) présentent des qualités, notamment dans le traitement de certaines thématiques récurrentes (le besoin d'adoption, la fascination du Mal). Ici, il n'y a rien. On peut voir un embryon de quelque chose sur la nature du conte, la tradition orale, mais jamais ce n'est fouillé. Il y avait pourtant de quoi faire, comme en témoigne le petit épilogue, seul moment où l'on sent le film vraiment investi, où l'on sent Singer (et son fidèle collaborateur John Ottman, à la musique et au montage) impliqué(s), illustrant la façon dont ces histoires restent et se transmettent et comment le Mal perdure...mais c'est à peine esquissé, ça tient du clin d’œil. Le comble, c'est que le film ne raconte rien. Les protagonistes n'ont pas d'arc au-delà des codes du genre. Un genre auquel Singer n'apporte rien. La première apparition de géant est réussie, du moins elle est incarnée, et il y a bien quelques détails sympathiques, comme le parallèle créé au début entre le héros ou la princesse, ou certains éléments de la caractérisation des géants mais le film manque d'un vrai parti-pris. Il faut savoir si on fait des géants des monstres qui mangent des hommes ou si on en fait des caricatures qui rotent, pètent et se curent le nez. Trop sérieux pour être du Princess Bride, trop fade pour être du Seigneur des Anneaux, Jack le chasseur de géants porte en lui les graines d'un film plus intéressant, mais jamais rien ne pousse.

par Robert Hospyan

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