Jack

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Jack
Allemagne, 2014
De Edward Berger
Durée : 1h43
Sortie : 08/04/2015
Note FilmDeCulte : ****--
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Fonceur, tenace et plein de ressources, Jack, dix ans à peine, est déjà seul responsable de sa famille: son petit frère Manuel, six ans, et leur mère célibataire aimante, mais totalement immature, Sanna. Un événement va venir bouleverser le quotidien de ce trio.

THE NICEST KIDS IN TOWN

Les portraits cinématographiques d'enfant sont légion, mais combien de films peuvent se vanter d'échapper aux clichés inhérents au genre? Combien se sont déjà empêtrés dans l'émerveillement béat face à la supposée grâce enfantine de leur héros, quitte à en faire des êtres forcément à part, c'est à dire tout sauf des personnages de cinéma, tout sauf des humains dans toutes leurs nuances ? Jack est au contraire un film qui frappe par un réalisme évitant les clichés en maintenant un équilibre entre bienveillance et noirceur. Bienveillance, cela pourrait presque être le surnom de Jack, grand frère idéal prêt à faire la lessive de son cadet comme à plonger dans un étang sans broncher pour récupérer un jouet. Dès les premiers plans, Jack est à la fois le frère, le père et la mère de Samuel, sans que ce poids ne lui provoque autre chose que la fatigue satisfaite du travail bien fait. Paradoxalement, c'est en ne cherchant jamais à rendre son protagoniste hyper réaliste (presque trop beau pour être vrai), que le réalisateur parvient à le rendre pourtant crédible et émouvant.

Ce jeune protagoniste souffre un peu du syndrome Tintin: héros en creux, les éléments narratifs se déroulent autour de lui sans qu'on puisse lui attribuer des traits de personnalité très précis. Mais étrangement, ici ce ne sont pas forcément les enfants les plus intéressants. Si la noirceur citée plus haut ne tarde pas à pointer le bout de son nez, elle ne provient pas d'une adversité arbitraire mais de l'attitude ambivalente des adultes. Tous ont pris l'habitude traiter Jack comme un adulte. On le laisse éduquer son frère tout seul, on ne s'étonne pas de le croiser dans une soirée pour adultes, on lui sert de la bière et maman se trimballe même à poil sous son nez. La mère est d'ailleurs le personnage le plus fascinant et inquiétant du film, mi-éducatrice libertaire mi-irresponsable névrotique.

Il y a dans Jack une économie de dialogues très efficace, tout comme il n'y a pas d'explication évidente aux problèmes d'éducation ici soulevés. À l'image de son héros éponyme, la caméra est toujours en train de bondir et courir à droite à gauche, quitte à flirter plus d'une fois avec la redondance et perdre un peu son souffle dans le sprint final. Le marathon de cet enfant qui souhaite presque être à nouveau traité (et aidé) comme tel, réserve néanmoins un final à l'amertume surprenante. Un dénouement qui met moins en relief le parcours initiatique de son héros que la cruelle immaturité sentimentale de ceux qui l'entourent.

par Gregory Coutaut

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