Ivre de femmes et de peinture

Ivre de femmes et de peinture
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Ivre de femmes et de peinture
chihwaseon
Corée du Sud, 2002
De Im Kwon-Taek
Scénario : Im Kwon-Taek, Kim Young-Oak
Avec : Sung-Kee Ahn, You Ho-Jeong, Choi Min-Sik, Ye-jin Son, Kim Yeo-Jin
Photo : Jung Il-Sung
Musique : Kim Young-Don
Durée : 1h57
Sortie : 27/11/2002
Note FilmDeCulte : *****-
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Années 1850. La dynastie Chosun touche à sa fin, plongeant le pays dans une crise politique et économique sans précédent. Orphelin contraint à la mendicité, Jang Seung-Up est secouru par un intellectuel fasciné par ses aptitudes à la peinture. Génie facétieux et indiscipliné, Jang imite à la perfection ses maîtres avant de rechercher de nouvelles inspirations.

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UNE HISTOIRE VRAIE

Hasard de la sélection cannoise, deux films en compétition pour la Palme d'Or évoquent la solitude de l’artiste, à travers deux perspectives opposées de l’Histoire. Le Pianiste de Roman Polanski prive Wladislaw Szpilman de sa musique pendant l’oppression nazie. Ivre de femmes et de peinture laisse Jang Seung-Up libre d’exercer son métier, alors que le pays s’effondre sous ses yeux. Szpilman traîne sa silhouette cadavérique parmi les ruines. Jang est accueilli à bras ouverts par une aristocratie férue d’art. Une vie d’ascète contre une existence voluptueuse. Malgré le fossé qui les sépare, les deux portraits se recoupent étrangement. Résistant aux vexations, l’art piétine les hiérarchies sociales et sauve in extremis les deux héros. Au risque de décevoir les badauds en mal d’érotisme, l’affiche suggestive détourne quelque peu le sens du film. Avant d’être un plaidoyer pour l’œnologie et la gent féminine, Ivre de femmes et de peinture parle essentiellement de création. Secondaires au récit, les remous historiques n’écrasent jamais l’identité de l’artiste. Tout le talent formel d’Im Kwon-Taek est mis au service de la maîtrise spectaculaire du pinceau et de la précision singulière du trait.

NATURE ET DECOUVERTES

Au milieu d’une flore luxuriante, le cinéaste contemple d’un œil expert la maturation et les tremblements d’une œuvre raffinée. Jang devient Ohwon, mais refuse de signer ses toiles pour mieux s’effacer derrière elles. Chacune de ses exécutions sert de point d’orgue à une intrigue parfois inégale. Les témoins se multiplient, les lieux et les visages se confondent au fil des pérégrinations. Un seul point de ralliement: la peinture. Im Kwon-Taek n’entretient pas d’autre suspense que celui du dessin. Ohwon lève le pinceau et c’est tout le film qui retient sa respiration. La nature effervescente et la beauté exquise des courtisanes guident le geste ample et gracieux de la main. La dilution de l’encre convie les regards, l’éclosion d’une fleur abrège les discours. Une grue devient la plus belle des déclarations d’amour, une nuance de couleur la plus vibrante preuve d’amitié. L’ivresse du titre entraîne bien une ivresse des sens. Les peintures d’Ohwon visent non pas la reproduction exacte, mais la recréation du monde. Chez Im, nulle frontière entre l’art et la nature. Les paysages prolongent la bordure d’un paravent. La vivacité du trait répond à la quiétude de la mise en scène. L’éclat d’une robe ou les lignes brisées d’une pierre parviennent aussi à émouvoir.

L’ART EST DANS LA RUE

Ohwon a réellement vécu. Mais le peu d’éléments biographiques qui subsistent orientent le film vers une forme moins solennelle, dédiée à toute manifestation du Beau. Un long flash-back s’attarde sur la formation du peintre en rupture avec son temps. La personnalité double et irrévérencieuse de Jang Seung-Up se conjugue aisément à la fiction. Roturier insolent, ce héros malgré lui décline une invitation à la cour et n’obéit qu’à une seule loi: son inspiration. Rustre et coléreux, patient et délicat, Ohwon intrigue autant par son génie que par son caractère imprévisible. Après Failan, Choi Min-Sik confirme l’étendue de son répertoire. Clown grotesque se découvrant un don insensé, le peintre hérite du regard triste et intense de l’acteur. La quête de l’absolu éloigne Ohwon de toute arrière-pensée commerciale. Elle l’amène à repousser encore et toujours les frontières d’un art en mouvement. Les compositions impeccables d’Im Kwon-Taek offrent un aperçu du perfectionnisme d’Ohwon, indifférent au savoir prodigué par les écoles. Le classicisme et l’épure de la réalisation sont trop vite identifiés à un quelconque modèle académique. Avec Ivre de femmes et de peinture, Im trouve le point de rencontre idéal entre l’homme et la légende.

par Danielle Chou

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Le réalisateur :

Légende vivante du cinéma sud-coréen, Im Kwon-Taek fête cette année son 98ème film en quarante ans de carrière. Né en 1936 à Jangsung, Im débute au cinéma à l’âge de vingt ans, lorsque le réalisateur Chung Chang-Hwa lui propose un poste d’assistant de production en échange d’une pension. Après des années de privation, le jeune apprenti trouve enfin un emploi stable et réalise son premier long en 1962, Adieu Fleuve Duman. Il tourne instinctivement deux à sept films commerciaux par an, puis s’oriente vers des projets plus personnels au début des années 80. La critique manifeste son intérêt pour Mauvaises herbes et Généalogie, puis Deux moines et Gilsodom, tous deux présentés à Berlin. En 1986, Kang Soo-yeon, l’actrice de La Mère porteuse reçoit un prix d’interprétation à Venise. Mais c’est La Chanteuse de pansori qui assoit son statut de héros du cinéma local. Sorti en 1993, le film fait un triomphe en salles et reste à ce jour le film coréen le plus primé dans son pays. Deux ans après Le Chant de la fidèle Chunhyang, Im Kwon-Taek revient à Cannes et remporte le Prix de la mise en scène.

Filmographie sélective :

2002 Ivre de femmes et de peinture

2000 Le Chant de la fidele Chunhyang

1996 Festival (Ch'ukje)

1993 La Chanteuse de pansori

1992 Vole haut, cours loin (Kae Byok)

1989 Viens, viens, viens plus haut (Aja Aja Bara Aje)

1985 Gilsodom (Gilsottum)

1987 Chronique du roi Yonsan (Yonsan Ilgi)

1986 Mère porteuse (Sibaji)

1986 Ticket

1983 La Fille de feu (Pul-Ui Tal)

1982 Les Corrompus (Oyomdoenjashik-Dul)

1981 Deux Moines (Mandala)

1979 Le Héros caché (Kipparomneun Gisu)

1978 Généalogie (Chopko)

1973 Mauvaises herbes (Jabcho)

Les acteurs :

Choi Min-Sik

Star montante du cinéma coréen, Choi Min-Sik a reçu cette année le Prix du meilleur acteur au Festival du Film Asiatique de Deauville pour Failan de Song Hae-Sung. Né en 1962 à Séoul, il fait ses premiers pas à l’écran dans Our Twisted Hero de Park Chong-Won (1992), qui reçoit une presse enthousiaste et voyage dans plusieurs festivals. Six ans plus tard, on le retrouve à l’affiche de Shiri de Kang Je-Gyu qui fait exploser le box-office local (plus de six millions d’entrées) et lui vaut un prix d’interprétation aux Grand Bell Awards de Corée. En 1999, il tourne dans le premier film de Jung Ji-Woo, Happy End, présenté à la Semaine de la Critique à Cannes.

Ahn Sung-Ki

Enfant star tournant dès l’âge de cinq ans, Ahn Sung-ki compte près d’une soixantaine de films à son actif. Depuis quarante ans, il rencontre une incroyable popularité en Corée. On le retrouve dans plusieurs films d’Im Kwon-Taek, dont Deux moines et Les Corrompus. Récemment vu dans Musa de Kim Sung-Su (2001), autre succès du box-office, il est apparu dans Sur la trace du serpent de Lee Myung-Se (1999) et Spring in my Hometown de Lee Kwang-Mo (1998).

Kim Yeo-Jin

Née en 1972, Kim Yeo-Jin apparaît au générique de Peppermint Candy de Lee Chang-Dong (2000) et de Girls’ Night Out de Im Sang-Soo (1998).

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