Iranien

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Iranien
France, 2014
De Mehran Tamadon
Durée : 1h45
Sortie : 03/12/2014
Note FilmDeCulte : **----
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Iranien athée, le réalisateur Mehran Tamadon a réussi à convaincre quatre mollahs, partisans de la République Islamique d’Iran, de venir habiter et discuter avec lui pendant deux jours. Dans ce huis clos, les débats se mêlent à la vie quotidienne pour faire émerger sans cesse cette question : comment vivre ensemble lorsque l’appréhension du monde des uns et des autres est si opposée ?

DON'T FEED THE TROLL

La première scène d'Iranien montre des passants qui s'arrêtent dans la rue et font un signe, se prosternent devant l'objectif de la caméra. Bien sûr, c'est vers la mosquée hors champ, derrière la caméra, que se portent leurs regards. Mehran Tamadon situe ici le cœur de son film: une foule où tout le monde, dans un même mouvement, semble "vivre ensemble", le religieux au centre de la vie et une caméra étrangère posée là, pour entamer le dialogue. "Ils n'ont rien en commun et vont passer 48 heures ensemble dans la même maison". L'argument d'Iranien ressemble à celui d'une télé réalité débilisante (pléonasme) mais l'objectif ici est évidemment différent. Tamadon, français d'adoption, athée et d'origine iranienne, invite quatre mollahs et veut se pencher sur le "vivre ensemble", comment quelqu'un comme lui peut avoir sa place dans la République Islamique d'Iran. Un point de départ conceptuel assez passionnant, malheureusement le résultat nous a paru totalement stérile.

L'un des premiers sujets évoqués dans Iranien est le port du voile. L'un des mollahs prend la parole, il ne la lâchera quasiment pas, ses trois compères faisant pratiquement de la figuration, ricanant quand il leur dit de ricaner dans un effet de "groupe de mecs" assez crispant. On apprend alors en réponse qu'en occident, les femmes se baladent nues et sans culotte. Le reste du débat est à l'avenant: affirmations outrancières, justification fantaisistes ("c'est scientifique !"): la danse secrète des hormones néfastes ; le divorce, la femme adultère ou l'homosexualité sont des virus ; les parutions sont toutes censurées ; la femme doit rester voilée pour ménager le fils qui la voit ou l'homme qui pourrait être excité - toute femme allant contre cela étant un tyran. Tamadon, béat, amorphe, est sans réaction, sans aplomb. L'idée n'est pas de se confronter pour savoir qui a raison comme dans un show pourri chez Ruquier, et c'est peut-être d'ailleurs là la meilleure piste du film: lorsque le mollah reproche à Tamadon d'être venu tellement convaincu que son système était meilleur que le dialogue est impossible.

Mais, entre l'aisance de l'un et les énormités qu'il débite, cabotin et pas dupe avec une mauvaise foi presque jubilatoire ("Ne parle pas de cas particuliers" lance t-il à Tamadon alors qu'il ne fait lui-même que ça depuis le début) et l'inertie de l'autre (même quand la discussion part dans l'espace avec une comparaison entre une femme voilée et une course de motocross), on a surtout le sentiment d'assister à une discussion de trolls sur un forum internet. Le pari de cinéma semble malheureusement déjà bien loin.

par Nicolas Bardot

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