Les Invisibles
France, 2018
De Louis-Julien Petit
Scénario : Marion Doussot, Louis-Julien Petit
Avec : Audrey Lamy, Deborah Lukumuena, Noémie Lvovsky, Corinne Masiero
Photo : David Chambille
Musique : Laurent Perez Del Mar
Durée : 1h42
Sortie : 09/01/2019
Suite à une décision municipale, l’Envol, centre d’accueil pour femmes SDF, va fermer. Il ne reste plus que trois mois aux travailleuses sociales pour réinsérer coûte que coûte les femmes dont elles s’occupent : falsifications, pistons, mensonges… Désormais, tout est permis !
UN POUR TOUTES ET TOUTES POUR UN
Après un Discount militant et citoyen, nous avions laissé Louis-Julien Petit aux côtés d’une Isabelle Adjani combattante dans son engagé Carole Matthieu. Pas étonnant donc de le retrouver aujourd’hui à la tête de Les Invisibles, entouré par une ribambelle de femmes oubliées par la société, et de le voir monter au créneau pour rappeler à la face du public leurs existences. Entre docu-fiction, comédie sociale, mais aussi feel good movie, ce troisième long de Petit ouvre grand ses bras pour accueillir son audience et l’entrainer à ses côtés, toujours avec bienveillance, vers un constat alarmant mais pas fataliste. Car il y a beaucoup d’amour dans ce film. Un amour tendre et sincère de la part du réalisateur envers son sujet et ses actrices, mais également un amour qui se diffuse de l’écran à la salle tant il est impossible de ne pas être touché par ces compositions (très largement inspiré par la réalité). Avec l’humour comme bouclier contre le misérabilisme, Petit trouve les mots et les comédiennes justes pour être revendicatif sans être moraliste, pour être offensif sans jamais être violent et évite surtout les pièges des films tire-larmes putassier. Bref, avec son ton tragicomique, son casting 4 étoiles (les actrices sont toutes confondantes de naturel et de vérité, professionnelles comme amatrices) et une mise en scène qui s’efface au profit d’un discours, Les Invisibles arrive à devenir ce film à hauteur humaine et sans jugement qui accompagne des personnages de l’ombre mais pourtant hauts en couleurs tout en leur offrant la visibilité et le rayonnement que méritaient tant ces héroïnes du quotidien.