Invisible Man

Invisible Man
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Invisible Man
États-Unis, 2020
De Leigh Whannell
Scénario : Leigh Whannell
Musique : Benjamin Wallfisch
Durée : 2h04
Sortie : 26/02/2020
Note FilmDeCulte : *****-
  • Invisible Man
  • Invisible Man

Cecilia Kass est en couple avec un brillant et riche scientifique. Ne supportant plus son comportement violent et tyrannique, elle prend la fuite une nuit et se réfugie auprès de sa sœur, leur ami d'enfance et sa fille adolescente. Mais quand l'homme se suicide en laissant à Cecilia une part importante de son immense fortune, celle-ci commence à se demander s'il est réellement mort. Tandis qu'une série de coïncidences inquiétantes menace la vie des êtres qu'elle aime, Cecilia cherche désespérément à prouver qu'elle est traquée par un homme que nul ne peut voir. Peu à peu, elle a le sentiment que sa raison vacille…

THE FANTABULOUS EMANCIPATION OF ONE CECILIA KASS

Une idée toute simple. Parfois, ça ne tient qu'à ça. Une idée toute simple qui devient une idée de génie tant à elle seule elle dicte tout le déroulé logique de cette nouvelle version de L'Homme invisible, sans s'inspirer d'H.G. Wells ni chercher la surenchère en gonflant son budget comme le reboot raté de La Momie (et donc du "Dark Universe" censé ressusciter les Universal Monsters à la sauce MCU). À vrai dire, l'inspiration semble sociale. Et forcément à-propos. L'idée en question ne se cache pas une seconde et l'analogie ne tient presque pas du sous-texte : ici, l'homme invisible devient la manifestation (paradoxalement) "physique" du stress post-traumatique qui hante les victimes de pervers narcissiques et d'agressions conjugales. Par conséquent, Whannell choisit d'adopter le point de vue non pas de l'homme en question mais de son ex-compagne et cette simple permutation lui permet de trouver un angle d'attaque pertinent, comme la version série B et plus ouvertement horrifique de Midsommar.

La masculinité toxique est toujours au coeur du film mais ce dernier joue habilement avec les codes du genre, et ce dès sa séquence d'ouverture, où le postulat de SF n'a pourtant pas encore fait son apparition. L'élégance et la sobriété de la mise en scène ne sont pas sans rappeler celle de James Wan mais Whannell réussit carrément à faire peur avec littéralement rien. Un lent panoramique redirige le cadre vers un couloir, vide, ou l'encadrement d'une porte, vide, et l'on projette inévitablement une présence, une menace. C'est vraiment l'antithèse d'Hollow Man. Un jumpscare révélant soudainement le croque-mitaine est inévitablement efficace mais la tension créée par un bête drap coincé au sol pendant ce qui semble être une durée interminable est bien plus précieux et effrayant. Et ce dispositif va revenir tout le long, nous plongeant dans la paranoïa et la psychose de la protagoniste. Sauf qu'il n'est pas question de psychose. Le cinéma d'horreur est parcouru d'héroïnes aux prises avec le surnaturel et que personne ne croit, c'est même devenu un cliché particulièrement énervant, mais ici ce stéréotype sonne terriblement vrai, devenant une révoltante illustration du peu de crédit accordé à la parole des femmes, notamment des victimes. Quoiqu'un peu long, le film déborde d'idée et ne va pas toujours là où on l'attend mais va en tout cas jusqu'au bout. Après le déjà enthousiasmant Upgrade, Whannell confirme que l'infâme Insidious 3 n'était qu'une erreur de parcours.

par Robert Hospyan

Commentaires

Partenaires