Into the Woods, Promenons-nous dans les bois
Into the Woods
États-Unis, 2014
De Rob Marshall
Scénario : James Lapine
Avec : Emily Blunt, James Corden, Johnny Depp, Anna Kendrick, Chris Pine, Meryl Streep
Photo : Dion Beebe
Musique : Stephen Sondheim
Durée : 2h04
Sortie : 28/01/2015
Les intrigues de plusieurs contes de fées bien connus se croisent afin d’explorer les désirs, les rêves et les quêtes de tous les personnages. Cendrillon, le Petit Chaperon rouge, Jack et le haricot magique et Raiponce, tous sont réunis dans un récit où interviennent également un boulanger et sa femme qui espèrent fonder une famille, mais à qui une sorcière a jeté un mauvais sort…
A FOREST
Créé il y a près de 30 ans à Broadway, Into the Woods est de ces matériaux auxquels beaucoup se frottent pendant des années et qui passent de main en main avant de voir enfin le jour. Et même malgré la déception de Nine en 2009, Rob Marshall, encore auréolé de sa brillante adaptation de Chicago il y a douze ans, était un choix logique pour amener à l’écran cette comédie musicale surprenante et originale. Cependant, celle-ci est d’un tout autre genre : là où Chicago marchait sur deux tableaux (le réel et le fantasme) et mêlait chansons, danse et dialogues parlés classiques, ici on est en plein conte fantastique, avec une écrasante majorité de numéros chantés, ainsi qu’un décor ressemblant beaucoup à une scène de théâtre, l’action se déroulant avant tout dans les bois, où les personnages se croisent sans cesse. La partition étant signée Stephen Sondheim, également auteur de West Side Story et Sweeney Todd, les chansons sont de plus intenses, longues (le numéro d’ouverture dure par exemple seize minutes), le débit parfois très rapide, et les réflexions intérieures des personnages sont particulièrement exposées.
L’ensemble est cependant suffisamment bien ficelé pour réussir à non seulement combiner quatre contes de fées mais également à y insuffler de nouveaux éléments et à non pas les parodier mais les détourner gentiment, à l’occasion de manière très drôle (Agony semble tout droit sorti des Feux de l’amour, les disparitions de Meryl Streep sont proches du running gag et la récupération de sa beauté d’antan la transforme en drag queen). Les bois étant aussi un catalyseur des émotions intimes et dévoilant le vrai visage des personnages, d’autre passages sont bien plus dramatiques; quant au seul et unique numéro de Johnny Depp, arborant un énième maquillage outrancier, il est à la limite du douteux… Il reste finalement dommage que Rob Marshall se soit contenté du minimum niveau réalisation, le film reposant avant tout sur la force de l’oeuvre de Lapine et Sondheim et sur le casting, impeccable (Emily Blunt y est comme à son habitude un enchantement à elle seule). Le style Bob Fosse semble ainsi mieux convenir à l’ancien danseur et chorégraphe, surtout si l’on compare avec le sublimement macabre Sweeney Todd de Tim Burton qui, lui, a su s’approprier la pièce de Sondheim.