Insensibles

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Insensibles
Espagne, 2012
De Juan Carlos Medina
Scénario : Luis A. Berdejo, Juan Carlos Medina
Avec : Alex Brendemühl, Tomas Lemarquis
Photo : Alejandro Martinez
Musique : Johan Söderqvist
Durée : 1h45
Sortie : 10/10/2012
Note FilmDeCulte : ***---
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A la veille de la guerre civile espagnole, un groupe d'enfants insensibles à la douleur est interné dans un hôpital au cœur des Pyrénées. De nos jours, David Martel, brillant neurochirurgien, doit retrouver ses parents biologiques pour procéder à une greffe indispensable à sa survie. Dans cette quête vitale, il va ranimer les fantômes de son pays et se confronter au funeste destin des enfants insensibles.

L’ÉCHINE DU DIABLE

Thriller, film de terreur, mélodrame fantastique? Difficile de catégoriser cet Insensibles, premier film de Juan Carlos Medina. Et c'est sûrement ce qui a poussé l'ancien critique François Cognard à produire ce long métrage (il est déjà ce producteur au nez creux du superbe Amer). Ici on est surtout en terrain émotif, celui de l'histoire espagnole avec un grand H et de son douloureux passé. Une véritable corde sensible qui sert ici de réel argument à la différence d'un Balada triste, d'un L’Échine du diable ou même d'un Labyrinthe de Pan qui ne se servaient de la référence que pour mieux ancrer leur conte dans une certaine tangibilité. Insensibles déploie son funeste poème sur un héros en quête d'identité, véritable reflet de l'âme de son pays, ou quand le destin d'une nation se répercute des décennies après dans la vie d'un simple quidam. Comme une cicatrice jamais réellement cautérisée et qui se rouvrirait progressivement, laissant ainsi perler le sang d'une tragédie.

Car le réalisateur l'affirme lui-même "Le film dit qu'il est important de se retourner sur son passé. Juste pour continuer d'assurer l'avenir, qu'il soit personnel ou collectif". Sauf qu'à trop travailler la forme de sa tragédie fantastique "scientiste", très forte au demeurant, plus proche de Mary Shelley que de Bram Stoker, l'émotion en devient clinique. Un peu comme si le jeune réalisateur avait trop calculé et cadenassé son coup en oubliant de laisser vivre d'elle-même sa si belle et touchante légende qu'une pointe de mystère aurait fini d'enrober. Du coup, on comprend et on voit pleinement les intentions du jeune réalisateur mais sa volonté de trop maîtriser l'affaire empêche le projet de décoller comme il aurait pu/dû. Insensible, le script le devient donc au fur et à mesure de son avancée et de la découverte des nombreux cadavres dans le placard, impuissant à rattraper l'émotion brute que laissait découler ses premières scènes. Reconnaissons quand même que la maîtrise de Medina est bien là (sa qualité comme son défaut) et que son prochain long saura bien mieux gérer l'ensemble.

par Christophe Chenallet

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