Découvertes FilmDeCulte: Inflame

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Inflame
Kaygı
Turquie, 2017
De Ceylan Özgün Özçelik
Scénario : Ceylan Özgün Özçelik
Durée : 1h34
Note FilmDeCulte : ****--
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Hasret travaille pour une chaîne de télévision turque qui se targue d'une maxime ambitieuse : « Ce que vous voyez est la vérité. Ce que vous entendez est la vérité ». Mais tout à coup, les choses commencent à changer. Les éditorialistes sont priés de ne pas commenter les discours des politiciens, les nouvelles sont manipulées et l'utilisation des réseaux sociaux est interdite. Hasret est, elle, intimidée par son patron autoritaire...

ACTUALITÉS BRÛLANTES

"Ce que vous voyez est la vérité, ce que vous entendez est la vérité", tel est le slogan de la chaîne d’information pour laquelle travaille Hasret. Au fil d’Inflame, premier long métrage de la réalisatrice turque Ceylan Özgün Özçelik (lire notre entretien), ce slogan en forme de promesse va devenir à la fois un mirage et une menace. Idéaliste, la jeune protagoniste croit aux vertus d’un journalisme objectif qu’elle oppose au populisme des réseaux sociaux. Ses convictions et sa candeur se cassent pourtant rapidement les dents face au cynisme de sa direction, qui lui impose de couper au montage tout ce qui dans ses reportages risquerait de relayer et propager un climat d’insécurité, tout ce qui pourrait nuire à l’image des dirigeants du pays. Que devient cette fameuse vérité quand on est soi-même chargé de la cacher ? "On ne peut pas étouffer la vérité sans conséquences" explique la réalisatrice. Quitte à ce que celle-ci remontre à la surface sous forme d’un souvenir refoulé, d’un mauvais rêve ?

De codes d’alarme oubliés en souvenirs refoulés, Hasret commence alors à perdre pied avec cette fameuse réalité. Ce qui commence par des réactions épidermiques légitimes face à la condescendance de ses collègues (le film fonctionne également très bien si on le lit comme l’histoire d’une une fille rendue folle par le mansplaining) se transforme progressivement en paranoïa hallucinée. Pour coller à la chute de son héroïne, la réalisatrice aurait pu faire faire naître le mystère via un travail de montage (le parallèle avec le métier d’Hasret aurait d’ailleurs été intéressant), elle choisit plutôt de le faire avant tout à travers le son. Les bruits sourds et les distorsions soudaines qui baignent Inflame sortent en effet tout droit d’un film fantastique, et chaque extrait du bulletin d’informations se met à ressembler à un cauchemar ultra-réaliste. La métaphore surnaturelle est efficace, et si elle parait parfois s’égarer en cours de route, elle retombe sur ses pattes lors d’un étonnant dénouement, plus amer et réaliste que prévu. C’est là la réussite d’Inflame : passer par l’irréel pour nous parler de l’horreur sous nos fenêtres. Qui ne deviendrait pas fou à trop regarder le journal télé ?

par Gregory Coutaut

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