Infernal Affairs

Infernal Affairs
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Infernal Affairs
, 2003
De Andrew Lau
Scénario : Felix Chong
Avec : Andy Law, Tony Chiu-wai Leung, Eric Tsang, Anthony Wong
Durée : 1h37
Sortie : 01/09/2004
Note FilmDeCulte : ****--

Ming est une taupe au service du parrain local, Sam. Yan est un flic infitré dans la mafia chinoise aux ordres de ce même Sam...

LE BIEN, LE MAL

Précédé d’une rumeur flatteuse de polar survitaminé, Infernal Affairs sort enfin sur les écrans français, deux longues années après sa sortie hongkongaise. Bien sûr, depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Deux fausses suites sont venues transformer l’essai, créant ainsi un triptyque déjà culte et, surtout, le réalisateur américain Martin Scorsese (Les Affranchis, Casino) a décidé de mettre en scène un remake de ce premier épisode avec, pour interpréter les personnages principaux, Matt Damon et Leonardo Di Caprio. Dès les premières minutes, on comprend aisément ce qui a motivé le metteur en scène de Gangs of New York. L’histoire de Ming et de Yan a les accents shakespeariens d’une grande tragédie humaine. Héros perdus entre le rôle qu’ils doivent tenir et leurs identités réelles, parallélisme des méthodes et des destins entre le flic et le voyou, incapacité de définir la frontière entre le bien et le mal, impasse dans laquelle sont plongés les deux protagonistes… Diablement malin, le synopsis réserve quelques morceaux de bravoure, comme la première intervention de la police, renseignée par Yan mais menée à perte par les informations divulguées par Ming, ou une longue scène de filature dans le métro de la tentaculaire cité chinoise.

BAS LES MASQUES

Pourtant, Infernal Affairs ne tire pas pleinement partie de son point de départ et ce sera justement l’intérêt de la relecture prochaine de Martin Scorsese. Le film s’inscrit délibérément dans la veine du film noir hongkongais et n’évite pas les clichés inhérents au genre, comme un sentimentalisme exacerbé et inapproprié qui provoque de brutales chutes de tension dont le film peine à se remettre. Malgré l’excellence de l’interprétation, les seconds rôles masculins sont le plus souvent réduits à n’être que des faire-valoir au fil narratif principal. Dommage. On aurait aimé apprendre davantage de la guerre que se livrent Wong (Anthony Wong) et Sam (Eric Tsang) mais Andrew Law et Alan Mak, les deux co-réalisateurs, préfèrent hélas bifurquer sur les doutes sentimentaux des deux personnages principaux. Nerveuse, leur mise en scène n’atteint pas la virtuosité d’un John Woo ou d’un Johnny To, et ce n’est pas le montage très cut de Danny et Ching Hei Pang (le premier est également cinéaste: Bangkok Dangerous, The Eye) qui permettra à l’ensemble de mériter le statut de chef d’œuvre, qu’on lui octroie parfois généreusement. Restent deux héros charismatiques et surtout le sentiment qu’une mythologie se met en place.

par Yannick Vély

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