Inertia

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Inertia
Israël, 2016
De Idan Haguel
Durée : 1h12
Sortie : 01/02/2017
Note FilmDeCulte : *****-
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Un matin, Mira remarque que son mari n'est plus là. Elle organise des recherches, mais commence peu à peu à s'adapter à la situation.

CIEL MON MARI

Inertia s'ouvre sur un plan de vagues au ralenti, d'un bleu profond presque inquiétant (symbole de l'inconscient de l’héroïne, qui s'éveillera en hurlant quelques secondes plus tard ?). Quel est donc cette étrange menace qui pèse sur Mira, femme au foyer sans histoires? Les minutes suivantes apportent la réponse : la disparition de son mari, évaporé sans laisser d'indices. Mira organise des recherches, mais le récit prend alors un virage surprenant. Et si finalement, Mira n'était pas mieux seule ? Et si la vraie menace, c'était que ces nigauds de policiers finissent par faire leur travail et retrouvent son mari pour de bon ? Pour son premier long métrage, le réalisateur Idan Haguel (lire notre entretien) n'a pas eu peur d’emmener le spectateur là où il ne l'attend pas. Et tant mieux.

A l’énième portrait de femme digne attendu (redouté?), Haguel préfère le rire jaune d'une comédie grinçante pas banale. Son héroïne au visage scellé par la fatigue, comme si elle n'avait plus souri depuis des années, découvre avec une stupéfaction parfois tordante les débris d'une vie qu'elle croyait bien rangée. Une mystérieuse canne à pêche retrouvée en plein salon... faut-il rire ou s'inquiéter ? Quand la mère de l’héroïne relate l'histoire d'un homme dévoré par sa femme, est-ce une blague ou un avant-goût de ce qui attend Mira? Malin, Haguel brouille le piste en installant une atmosphère tendue et fantomatique, tant par le travail sur le son que sur l'image: un bruit sourd qui ne se tait plus, des reflets spectraux sur les murs... comme Mira, on se croirait pris de vertige, comme sur le point de basculer vers une autre dimension.

Cette inquiétante étrangeté surprend d'autant plus lorsqu'elle s'accompagne d'un humour vache. La poisse collée aux basques, Mira ne comprend rien, et se laisse ballotter par un quotidien qui n'arrête pas de vouloir lui mettre des gifles. Hommes irresponsables et figures maternelles pince-sans-rire, chaque rencontre vient lui apporter un nouveau coup de massue. Inertia réussit un équilibre rare : faire rire avec une sorte de bienveillance cruelle, sans que la protagoniste cesse pour autant d'être attachante. Rappelant par moments les films de Todd Solondz, ce mélange de tons pas banal place tout de suite Idan Haguel sur la liste des réalisateurs à suivre.

par Gregory Coutaut

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