Incroyable Destin de Harold Crick (L')
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Stranger Than Fiction
États-Unis, 2006
De Marc Forster
Scénario : Zach Helm
Avec : Will Ferrell, Maggie Gyllenhaal, Tony Hale, Dustin Hoffman, Queen Latifah
Durée : 1h45
Sortie : 10/01/2007
Harold Crick mène une vie tranquille et minutée. Un beau jour, il entend une voix féminine qui commente la moindre de ses actions. Il comprend vite qu'il est le héros d'un roman en cours d'écriture et qu'il court à une mort certaine.
COOKIE'S FORTUNE
Bonne nouvelle pour le cinéma américain. Le génial Charlie Kaufman, à qui l’on doit les folles histoires d’Adaptation, Dans la peau de John Malkovich ou encore Eternal Sunshine of the Spotless Mind, a un élève surdoué, Zach Helm. Ce dernier, avant de passer à la réalisation de son premier film, Mr. Magorium's Wonder Emporium, a signé l’un des scripts les plus inventifs de ces dernières années, celui de L’Incroyable Destin de Harold Crick. Le synopsis nécessite un saut de foi mais très vite le spectateur est projeté dans la vie du héros. Capable du bon – le sombre A l’ombre de la haine - comme du très moyen (Neverland, Stay), le réalisateur suisse Marc Forster parvient dès la première séquence à faire accepter un postulat de départ proche du Truman Show de Peter Weir, la dimension littéraire en plus. Non seulement le spectateur accepte vite le statut de personnage de Harold Crick mais le récit n’est jamais aussi intéressant que quand il s’ingénie à décortiquer la création romanesque. Zach Helm et Marc Forster donnent ainsi à Dustin Hoffman et Emma Thompson deux rôles en or pour ces amoureux des lettres, ceux du professeur d’université et de la romancière qui analysent et dissertent sur l’œuvre en cours d’écriture.
LA VIE EST UN ROMAN
L’Incroyable Destin de Harold Crick ne provoquerait sans doute pas le même élan de sympathie et d’adhésion sans le charisme de son interprète principal, Will Ferrell. Habitué aux comédies neu-neu (Elfe), l’acteur californien trouve ici un terrain d’expression parfait à son talent de clown blanc. Comme dans Melinda et Melinda, le film de Woody Allen dont il était l’un des personnages principaux, Will Ferrell doit jouer sur deux registres: l’humour, tant les situations sont absurdes, et la tragédie d’une mort annoncée. Il parvient très vite à effacer son traditionnel air niais pour camper un très bel anti-héros, simple agent du fisc qui retrouve goût à la vie auprès d’une belle pâtissière anarchiste (Maggie Gyllenhaal, craquante). Bien sûr le film se perd parfois dans des circonvolutions inutiles et la fin – correcte sans plus comme le souligne ironiquement Karen Eiffel, l’écrivain –, convention hollywoodienne oblige, brise la douce mélancolie insufflée tout au long de la narration. Mais L’Incroyable Destin de Harold Crick méritait mieux que cette sortie française en catimini au début du mois de janvier. Il n’est pas trop tard pour lui assurer un solide bouche à oreille.
