Incident au Loch Ness
Incident at Loch Ness
États-Unis, 2004
De Zak Penn
Scénario : Zak Penn
Avec : John Bailey, Kitana Baker, Gabriel Beristain, Werner Herzog, Zak Penn
Durée : 1h34
Sortie : 10/11/2004
Zak Penn, scénariste à Hollywood, embauche Werner Herzog pour réaliser un documentaire sur la créature du Loch Ness. L’équipe réunie, le tournage débute au lieu-dit. En quelques jours, l’entreprise vire au cauchemar.
FORGOTTEN MONSTER
Considérer avec détachement et raison le phénomène "Nessie" est une entreprise délicate. Après de nombreuses années d’études scientifiques et d’expéditions écossaises, rien ne prouve que la créature existe ou ait jamais existé. Un documentaire flirterait forcément avec une galaxie de rumeurs et d’impostures s’il osait démontrer l’existence de la bête. On repassera pour la crédibilité du documentariste… Pour ces mêmes raisons, le phénomène constitue un très bon prétexte au "docu-menteur". Sur le modèle de Forgotten Silver (qui utilisait Harvey Weinstein, Sam Neill et Leonard Maltin), le film de Zak Penn s’arme de vrais professionnels pour faire avaler tout rond la pilule. Qui mieux qu’Herzog pouvait apporter une caution intellectuelle et transformer le projet en enquête sociologique? Ajoutez à cela une pré-production volontaire annonçant le retour du maître dans la presse spécialisée, et la réputation (usurpée) du film est faite. Les racines du mensonge s’étendent et les plus crédules seront les plus moqués. Zak Penn et Werner Herzog vont gentiment aligner Hollywood.
VIDEO KILT
Sur le modèle documentaire classique, Incident au Loch Ness mêle prises sur le vif et interviews de l’équipe, commentant a posteriori le tournage. Si le procédé rend le film quelque peu linéaire, il a l’avantage de construire méthodiquement le bluff avec la complicité des intervenants, tous employés par Hollywood. Sans être une dénonciation vaine du système, le faux tournage propose les pires comportements hollywoodiens, dont Zak Penn se fait le principal responsable, en producteur stupide et manipulateur, être veule et pathétique. On devine sa propre implication douloureuse tant il charge sa propre incarnation, au contraire d’un Werner Herzog droit et intraitable. Au fil des mesquineries et des traîtrises, l’arnaque procède par ironie et achève le portrait des petits qui plombent le cinéma mondial: ceux qui préféreront toujours le spectaculaire à la vérité. Un comble et un délice de la part d’un scénariste de blockbuster (X-Men 2, Elektra), opérant au cœur du système. Le film et son auteur n’en sont que plus sympathiques.