Incendies

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Incendies
Canada, 2010
De Denis Villeneuve
Scénario : Denis Villeneuve
Avec : Lubna Azabal, Rémy Girard
Photo : André Turpin
Musique : Grégoire Hetzel
Durée : 2h03
Sortie : 12/01/2011
Note FilmDeCulte : **----
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A la lecture du testament de leur mère, Jeanne et Simon Marwan se voient remettre deux enveloppes : l’une destinée à un père qu’ils croyaient mort et l‘autre à un frère dont ils ignoraient l’existence...

LES COEURS BRULES

Incendies bénéficie d’un joli succès sur les écrans français depuis sa sortie il y a quelques semaines. Parmi les raisons expliquant ce plébiscite, on peut toujours invoquer la grosse cote de love dont bénéficie chez nous à peu près tout ce qui vient du Québec, mais plus sérieusement, il faut surtout se pencher sur l’histoire du film. Incendies raconte en effet une incroyable histoire de révélation familiale, étalée sur les époques et les continents, et rassemblant des thèmes au très fort potentiel mélodramatique (le deuil, la recherches des origines, les horreurs de la guerre, l’amour interdit etc.). Mais l’histoire d’un film peut-elle être considérée comme faisant partie de ses qualités ? Evidemment non, ce serait confondre histoire et scénario, et nier qu’une seule et même histoire peut être racontée de mille façons différentes. Or, et c’est bien dommage, cette histoire ambitieuse n’est pas vraiment aidée par son traitement scénaristique.

Cette gêne ne vient pas de la déstructuration du récit (en gros, on suit en parallèle deux histoires situées à des époques différentes). Car même si cela sent un peu trop l’effet de mode, elle permet par moment au film d’atteindre son ambition mélodramatique. Le problème est que justement cette structure prend toute la place, et au lieu de rendre l’histoire émouvante, elle la rend étouffante en empêchant ses personnages de respirer, d’exister. La règle de base pour provoquer de l’émotion, dans le mélo comme ailleurs, est de susciter l’identification du spectateur au personnage. Or comment être ému quand les personnages restent au mieux de l’ordre de l’archétype (la mère martyre), au pire, du fantôme (le fils). Malgré les deux heures de films et les nombreux enjeux sentimentaux, on serait bien en peine, une fois le film fini, de décrire la personnalité des différents protagonistes, simples silhouettes prisonnières de la chape de plomb qui assombrit tout le film. Comme le dit l’un des personnages au début « Mais pourquoi est ce que tout est gris ? ».

A ceci s’ajoute une tendance à l’emphase dans la mise en scène (les zooms sur des enfants qui regardent la caméra en face sur le mode je vous juge : au secours la subtilité). Cela ne rend évidemment pas le film irregardable, mais le pare d’une lourdeur qui l’empêche d’être à la hauteur de son ambition. Au final, sans rire, Incendies reste un film... pompier.

par Gregory Coutaut

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