In the Family

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In the Family
États-Unis, 2011
De Patrick Wang
Scénario : Patrick Wang
Avec : Patrick Wang
Durée : 2h49
Sortie : 19/11/2014
Note FilmDeCulte : ****--
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A Martin, dans le Tennessee, Chip Hines, un jeune garçon précoce de 6 ans, ne connaît que la vie avec ses deux papas, Cody et Joey. Et c'est une belle vie. Quand Cody meurt brutalement dans un accident, c'est avec force que Chip et son père adoptif réagissent afin de surmonter cette perte et continuer la vie qu'ils avaient commencée à construire à trois. Mais la sœur de Cody révèle à Joey qu'un vieux testament établi à la naissance de Chip, peu avant qu'il ne fasse partie de la famille, la désigne comme tutrice de l'enfant. Les années d'intégration de Joey dans la famille s'effritent peu à peu alors que Chip lui est enlevé. A l'incompréhension succède la colère et l'impossibilité pour Joey de trouver une solution. La loi n'est pas de son côté, mais ses amis si. Fort de leur soutien et des souvenirs avec Cody, il cherchera un chemin vers la paix avec cette famille qu'il considérait comme la sienne avant le drame, et essayera ainsi de se rapprocher de son fils.

JAMAIS SANS MON FILS

Ce premier film indépendant américain aura mis du temps à trouver le chemin des salles de cinéma françaises, mais il arrive à point nommé au moment où la définition de la famille donne encore lieu aux débats les plus violents. In the Family est pourtant un film qui débute dans une grande douceur, celle du quotidien à la fois tendre et complètement banal d’une famille homoparentale. Le décès d’un des deux pères, qui intervient très tôt dans le récit, est lui-même traité en sourdine, laissé hors-champ. In the Family est un long métrage qui prend son temps (parfois presque trop) pour montrer là où il veut aller, et le réalisateur ne filme jamais les scènes de larmes ou d’hystéries attendues. Ce qu’il filme est bien plus réaliste, et on le sait, la vraie vie peut devenir beaucoup plus glaçante que la fiction. Dans un premier temps, la vie continue. Joey peut compter sur ses proches, continuer à travailler et s’occuper de son fils. Là encore le quotidien est au cœur de toutes les attentions. Puis l’inévitable vient frapper à la porte sans prévenir. Et le film qui baignait jusqu’ici dans une douce torpeur prend des allures de rêve trop beau pour durer, et vire au cauchemar.

Il faut en effet quelque temps pour mesurer l’ironie assez cinglante du titre de ce film. De quelle famille parle-t-on quand seul le parent biologique a des droits sur l’enfant ? Que se passe-t-il quand ce parent biologique meurt et que le conjoint se retrouve face à une belle-famille ? C’est lors d’une scène de déposition en groupe chez un avocat, scène située vers la fin du film mais qui pourtant apparaît rétrospectivement comme son cœur-même que la technique d’écriture de Patrick Wang (lire notre entretien) trouve enfin sa meilleure expression. La durée qu’il imposait jusqu’ici à certaines séquences pouvait laisser dubitatif, mais ce n’était rien en vue de cette scène incroyable, dont la longueur n’a d’égale que la tension, face à face angoissant comme une tempête dans un verre d’eau, l’un des moments de cinéma les plus intenses vus ces derniers temps. Alors que la scène n’est presque qu’un monologue (déclamé avec l’émotion de celui qui s’est trop longtemps tu, celui à qui la loi n’a même pas donné la parole), c’est là qu’In the Family confirme qu’il n’est pas qu’un discours mais bel et bien un vrai film de cinéma.

par Gregory Coutaut

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