Impardonnables

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Impardonnables
France, 2011
De André Téchiné
Scénario : Mehdi Ben Attia, André Téchiné
Avec : Carole Bouquet, André Dussollier, Mélanie Thierry
Photo : Julien Hirsch
Musique : Max Richter
Durée : 1h53
Sortie : 17/08/2011
Note FilmDeCulte : **----
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Francis débarque à Venise pour écrire au calme son prochain roman. Il cherche à louer un petit appartement. Il rencontre Judith, un agent immobilier, dont il tombe immédiatement amoureux. Judith insiste pour qu'il visite une maison isolée dans l'ile de Sant' Erasmo. Francis lui propose comme on se jette à l'eau "si on habite ici tous les deux... je signe tout de suite..." Ils s'embarquent alors dans une vie de couple. Tout à son euphorie, Francis ne songe plus à écrire. Mais son bonheur est-il si sûr ? Pendant qu'il ne travaille pas, que fait Judith de ses journées ? Francis embauche Jérémie, un jeune délinquant récemment sorti de prison pour la suivre. Que va révéler cette filature ?

(PAS D') INTRIGUES A VENISE

Tous les derniers films d’André Téchiné sont venus rappeler, si besoin était, que le cinéaste demeure encore aujourd’hui un grand scénariste et directeur d’acteur. Ressusciter avec modernité le couple Depardieu/Deneuve (Les Temps qui changent), rendre cette dernière hyper crédible en nounou de banlieue (La Fille du RER), mener un ample récit choral sur des sujets traités à rebrousse-poil (Les Témoins)… pas besoin de surligner que son talent est toujours d'actualité. Alors qu’est ce qui cloche avec ces Impardonnables ? Tout d'abord le rythme du récit, long et répétitif comme le clapotis des vagues de la lagune ? Ou plutôt les inintéressantes péripéties amoureuses de tous ces personnages ? On se permet d’autant plus de dire tout l’ennui qui pointe dans ce dernier film que l’on sait le cinéaste capable de bien mieux.

Pourtant on ne peut pas dire qu'il ne se passe rien. le récit n'est avare ni en révélation, ni en filatures ou enquêtes diverses. Le paradoxe vient du fait que plus les personnages veulent en savoir plus, plus ils en apprennent les uns sur les autres, et mois ils comprennent, et nous avec. C'est d'ailleurs une constatation lancée par Carole Bouquet dans le film, sans qu'on sache très bien s'il s'agit d'un reproche ou d'une blague : "plus je passe de temps avec toi, moins je te connais". Le personnage d'André Dussollier, auquel cette pique est destinée, semble en effet tout faire de manière arbitraire : emménager, déménager, tomber amoureux, s'éclipser... tout en ayant besoin de surveiller tout le monde en permanence. Au lieu de le rendre plus mystérieux, plus riche (est-il manipulateur ou juste maladroit?), cela le rend surtout plus retors. Difficile de s'attacher à un héros dont la dimension affective demeure si opaque. Cette constatation est valable pour la plupart des personnages, et c'est en effet l'opacité qui règne. Qui fait quoi et pourquoi demeure aussi amèrement mystérieux pour eux que pour le spectateur, et le suspens choral qui planait par exemple au-dessus des Témoins laisse ici place à un ennui poli et perplexe.

On retient néanmoins un ton général assez particulier, lui aussi très amer, où chaque enfant est une déception pour ses parents (fugueur ou en prison), et vice-versa (père absent, mère démissionnaire), et où les célibataires endurcis ne valent pas mieux. Même le mariage vénitien (qu'on croirait sortit d'une pub pour le jambon Aoste!) n'a l'air que d'une triste mascarade dont personne n'est dupe. Face au titre du film, inutile de chercher qui est impardonnable, et de quoi, parce que tout le monde, rien que dans sa manière d'aimer ou de ne pas aimer, à quelque chose à se reprocher.

par Gregory Coutaut

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