Imitation Game
Imitation Game (The)
États-Unis, 2014
De Morten Tyldum
Scénario : Graham Moore
Avec : Benedict Cumberbatch, Matthew Goode, Keira Knightley, Mark Strong
Photo : Oscar Faura
Musique : Alexandre Desplat
Durée : 1h55
Sortie : 28/01/2015
1940 : Alan Turing, mathématicien, cryptologue, est chargé par le gouvernement Britannique de percer le secret de la célèbre machine de cryptage allemande Enigma, réputée inviolable.
THE LIMITATION GAME
Le principal atout de ce biopic est de tremper les pieds dans le genre. Le film d'espionnage parvient à rendre un peu plus sexy ce Un homme d'exception-like porté par un Benedict Cumberbatch exemplaire (dans un rôle de génie asocial évidemment fait pour lui mais pour lequel il réussit à proposer une performance différente que dans Sherlock) mais aussi une écriture franchement efficace, qui aura valu au script de figurer en tête de la fameuse Black List il y a trois ans. Le scénario de Graham Moore, adapté de la biographie d'Alan Turing, opte pour une narration éclatée qui arrive à gérer, tantôt de façon didactique, tantôt avec sobriété, les trois temporalités du film (la scolarité de Turing, son travail durant la Deuxième Guerre Mondiale, et l'enquête policière qui lui vaudra sa triste fin), construisant son récit comme une énigme pour résoudre celle que présente son protagoniste, mystérieux cryptologue. On ne va pas prétendre que le film réussit à être surprenant tant la technique demeure classique, avec sa mise en abyme structurelle somme toute scolaire révélant les origines du tourment du héros, mais il parvient à être suffisamment engageant, dans sa construction, dans son usage du genre, dans ses dialogues parfois ludiques, pour éviter de tomber dans le piège de l'article Wikipédia filmé.
Cependant, il est regrettable de constater que l’œuvre traite quelque peu superficiellement les passages les plus intéressants de la vie de Turing (l'implication morale qui découle du décryptage d'Enigma, l'homosexualité du mathématicien et ses conséquences) et se conclue sur une note maladroite. L'évocation de la castration chimique de Turing est immédiatement compensée par la morale lourdingue énoncée par le personnage de Keira Knightley, reprenant pour la troisième fois la maxime toute faite du film sur les gens différents, comme pour donner une sorte de happy end à l'histoire d'un génie dont l'héroïsme aura été récompensé par l'humiliation et la condamnation. Et comme Morten Tyldum, venu de la télé et d'un thriller scandinave à bonne réputation (Headhunters), est plus adepte quand il s'agit d'insuffler un peu de rythme et de tension que pour réellement incarner la dramaturgie du film, Imitation Game ne peut se hisser vraiment au-delà du biopic efficace mais somme toute classique.