Il Regista di Matrimoni
Italie, 2006
De Marco Bellocchio
Scénario : Marco Bellocchio
Avec : Bruno Cariello, Donatella Finocchiaro, Sami Frey, Simona Nobili, Aurora Peres
Durée : 1h40
Sortie : 01/01/2006
Franco Elica, surnommé "Le Maître", prépare une nouvelle et énième version de Les Fiancés de Manzoni. Accusé de viol, il trouve refuge en Sicile où il va rencontrer un réalisateur spécialisé en cérémonies de mariage. Celui-ci va le présenter à un prince préparant la future union de sa fille. Franco tombe tout de suite amoureux de la belle et va tout mettre en œuvre pour la dissuader de se marier.
LE ROMANTISME N’EST PAS MORT
Le film s’ouvre sur un mariage. Celui de la fille d’Elica. La cérémonie à l’église se concluant dans un joli bazar. La critique n’est pas loin et l’institution du mariage en sera pour ses frais tout au long du film. L’amour oui, mais sans contrat, celui-ci se doit d’être libre et romantique. Comme cela ne suffisait pas, le réalisateur a choisi le cinéma italien comme seconde cible. A travers le personnage de Franco Elica, il annonce sa désapprobation du cinéma actuel qui manque d’originalité (une énième version étant préférable à une nouvelle histoire), de souffle. De plus, pour connaître la gloire et le succès, il vaut mieux se faire passer pour mort. Subitement tout le monde se souvient de votre nom, amis et ennemis ne tarissent plus d’éloges sur votre œuvre, et du jour au lendemain vous devenez le grand favori pour les récompenses. Mais le film de Marco Bellochio est aussi et surtout une formidable histoire d’amour, portée par un souffle épique et romantique. Sergio Castellito, qui prête ses traits à Elica, se transforme littéralement lors de la seconde partie du film. De morne, las, il devient fougueux, rageur, dès que l’amour entre dans sa vie, et imprime la pellicule de sa magnifique présence. Le cinéaste italien donne un vrai rythme au film, intercalant dans la première partie de courtes et percutantes images de films, véritables reflets du moment, pour plus tard remplacer celles-ci par des plans pris par une vidéo de surveillance, ou celles cachées dans la veste d’Elica. Ces plans renforcent le côté tragique du héros romantique qui doit triompher de divers obstacles pour ravir sa fiancée enfermée dans un inaccessible couvent. Le cinéaste appuyant ainsi sur le destin du "Maître" qui, au lieu de faire des films, ce qui à en croire la première partie ne le rend pas plus heureux que cela, devrait prendre son destin en main et mettre en scène ses propres fiançailles. Sami Frey est également impressionnant dans le rôle du père de la belle alors que la beauté de la Sicile vient enfin apporter sa touche à un film vibrant d’une saine vitalité.