Ida
Dans la Pologne des années 60, avant de prononcer ses voeux, Anna, jeune orpheline élevée au couvent, part à la rencontre de sa tante, seul membre de sa famille encore en vie. Elle découvre alors un sombre secret de famille datant de l'occupation nazie.
BETE A PRIX
Quand nous avions découvert Ida au Festival de Marrakech, en décembre 2013, il n'avait pas encore acquis sa reconnaissance internationale. Déjà sautaient aux yeux ses qualités objectives: un sujet fort, deux performances d'actrices marquantes dans deux registres différents, et ce noir et blanc mortuaire qui donnait au film un air de Requiem. Le cinéaste polonais Pawel Pawlikowski avait indiscutablement réussi son coup et s'offrait ainsi un beau retour sur la scène internationale du cinéma d'auteur, trois ans après le naufrage majuscule de La Femme du Ve. Un an plus tard, on reste stupéfait. Non seulement Ida s'est offert un incroyable succès public en France - presque 500 000 entrées -, mais il a trusté un nombre invraisemblable de récompenses et marche vers l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Il faut dire que l'on tient peut-être en lui le prototype parfait du film de festival, le film dont on se dit "c'était beau, non ?", sans que l'on puisse le trouver véritablement ennuyeux - il ne dure qu'une heure 30 et installe un suspense sur la famille d'Anna. Et puis, sans douter de la sincérité d'un réalisateur quand il s'empare d'un tel sujet, le Nazisme suscite toujours une indignation compassée. La belle et mutique héroïne est l'innocence incarnée, soumise au tumulte de l'histoire. Impossible de ne pas l'aimer, à moins d'avoir un cœur de pierre, surtout quand elle est filmée sous la neige et dans les paysages froids de la Pologne l'hiver. Difficile d'oublier la scène-choc, qui coupe la respiration et surprend par sa soudaineté. Là encore Pawel Pawlikowski fait mouche, là encore on peut y voir de la roublardise, du tour de force efficace à défaut d'être original.