Ici-bas
France, 2011
De Jean-Pierre Denis
Scénario : Richard Boidin, Jean-Pierre Denis, Yvon Rouvé
Avec : Eric Caravaca, Céline Sallette
Photo : Claude Garnier
Musique : Michel Portal
Durée : 1h40
Sortie : 18/01/2012
Fin 1943 sous l’occupation, Sœur Luce, une religieuse à la dévotion et au dévouement exemplaires, est infirmière à l’hôpital de Périgueux. La rencontre d’un aumônier, Martial, passé dans les rangs du maquis et à la foi profondément ébranlée, bouleverse son existence. De l’amour du Christ à celui d’un homme, Sœur Luce vit une passion pour laquelle elle finit par quitter le couvent et ses sœurs. Mais elle se heurte vite au mur de la réalité et des passions. Trahie, Sœur Luce se sent abandonnée des hommes et de Dieu… Un matin, à la Poste centrale, des employés membres d’un réseau de la Résistance interceptent un courrier anonyme à l’adresse de la Kommandantur…
L'ANGE DE LA VENGEANCE
Ici bas est seulement le sixième long métrage de Jean-Pierre Denis en plus de trente ans de carrière. Cinéaste rare donc, révélé à Cannes en 1980 en obtenant la Caméra d'or pour Histoire d'Adrien. On comprend ce qui a attiré Denis dans cette histoire puissante de ferveur, de perte de foi, de dilemme tragique. Sœur Luce est détournée de Dieu par un homme, un prêtre et maquisard, tout en voyant une lumière divine en lui. Se sentant trahie, elle ira, pour se venger, jusqu'à commettre l'irréparable. Une autre blessure assassine après celles que Jean-Pierre Denis a racontées il y a dix ans dans son long métrage consacré aux sœurs Papin. Mais, comme le précise le réalisateur, il ne s'agit pas ici de folie, de psychose. Un déraillement, mais d'une autre nature. Puis le passage à l'acte, simplement humain.
Qu'est-ce qui cloche alors dans Ici bas? Certainement le manque d'inspiration formelle, qui aplatit les sentiments, l'histoire terrible qu'on raconte, avec l'impression qu'un logo France 3 va finir par clignoter en haut à droite de l'écran. Une pesanteur du texte aussi, tamponné "reconstitution", et qui empaille un peu le long métrage. Pesanteur qui disparaît dès que Céline Sallette parle, possédée par son rôle et décidément, depuis sa première apparition dans Meurtrières jusqu'à plus récemment dans L'Apollonide et Un Été brûlant, cette actrice est une perle. La force du sujet, la façon qu'a Denis de filmer la dure beauté du décor périgourdin sont d'autres qualités indéniables, mais l'ensemble reste trop souvent petit bras.