Icaros, A Vision
Une jeune femme se rend en Amazonie afin de trouver les remèdes qui pourront la soigner.
NATURE ET DÉCOUVERTE
Icaros: A Vision, un titre en deux partie pour un film lui-même hybride: à cheval entre fiction et documentaire, à la fois réaliste et fantastique, qui documente avec sérieux toute en laissant place à la magie. Le tout tourné au Pérou à quatre mains par un réalisateur Italo-uruguayen et une cinéaste argentine (décédée pendant la post-production du film). Le film s'inspire d'ailleurs du parcours personnel de cette dernière, alors qu'elle se savait atteinte d'une maladie incurable, et de sa découverte de l'ayahuasca, breuvage composé de plantes hallucinogènes. Les icaros du titre, ce sont les envoûtants chants chamaniques qui accompagnent la prise de ce breuvage, et dont on dit qu'il sont eux-mêmes dotés de pouvoirs médicinaux sur qui les écoute.
Icaros: A Vision suit une jeune femme quittant la civilisation pour se rendre dans un centre chamanique au cœur d'une jungle grouillante de légendes. D'emblée, le film lance plusieurs pistes excitantes : un sens de l'ellipse (le film se passe ici et maintenant, on n'en saura pas plus sur l'identité ou le passé de cette femme, mystère mystère), une étonnante variation de registres (aux rituels sacrés s'opposent des touches d'humour absurde inattendues) et surtout un remarquable travail formel. Puis, en parallèle de l'ouverture de l'héroïne aux croyances locales, c'est comme si le film lui-même se dilatait progressivement, et devenait de moins en moins narratif. Une mutation gonflée, risquée, déséquilibrée.
Dans sa seconde partie Icaros: A Vision n'est, précisément, presque que visions. D'effets spéciaux simples (des yeux lumineux dans la nuit, des pierres phosphorescentes), à de l'animation 2D directement dessinée sur l'image, en passant par une séquence entière en image de synthèses, et des images carrément projetées sur de l'eau en mouvement. Les réalisateurs débordent d'idées quand ils s'agit de créer des images saisissantes... peut-être à défaut de pouvoir toutes les faire rentrer dans un ensemble cohésif. C'est là que le film se révèle frustrant: comme si le tout n'était hélas jamais aussi fort que la somme de ses parties. Mais même en perdant (volontairement?) son fil rouge, Icaros: A Vision laisse suffisamment la porte ouverte à l'imagination pour retomber sur ses pattes.
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Icaros: A Vision est projeté cette semaine au Festival de la Roche-sur-Yon.