PIFFF : I am not a serial killer
Irlande, 2016
De Billy O'Brien
Scénario : Billy O'Brien
Avec : Christopher Lloyd, Max Records
Photo : Robbie Ryan
Musique : Adrian Johnston
Durée : 1h44
Dans une petite bourgade américaine, un lycéen perturbé décide de traquer le tueur en série qui sévit dans la région, un homme qui pourrait bien être l’un de ses voisins au comportement étrange...
UN ELEVE DOUE
On l’avait un peu oublié Billy O’Brien. 10 ans qu’on avait presque pas de nouvelles si ce n’est via un Scintilla totalement inédit dans l’hexagone et à la réputation désastreuse. 10 ans depuis son Isolation et son grand prix au festival de Gérardmer 2006. Bref 10 ans qu’on se demandait quand le bonhomme allait revenir aux affaires. Et puis voilà qu’au détour du PIFFF 6e édition, on nous annonce la présence de son nouveau long. Joie. Plus qu’à espérer désormais que l’irlandais en ai encore sous le capot et qu’il sache nous mettre aussi mal à l’aise qu’il y a une décennie avec son histoire de bétail en mutation. Et au sortir de la projection, le constat est bien là : oui le réalisateur a encore des choses à dire. Adapté du roman éponyme de Dan Wells, I am not a serial killer est une de ces pelloches qui capte votre attention dès ses premières images. A l’aide d’un 16mm granuleux et bien senti qui rajoute un cachet certains à l’exercice, O’Brien colle au plus près de son personnage et nous présente un héros au psyché âpre (il est quand même hanté par des pulsions meurtrières) et quelque peu taciturne plus proche, heureusement pour nous, d’un Donnie Darko que d’un Odd Thomas. Mais point d’étude de mœurs dans ce film. Non on n’est pas là pour parler du mal être adolescent, même si certaines scènes respirent le fameux spleen de cet entre-deux âge, mais pour suivre une fiction format conte initiatique sous forme de thriller horrifique. Parfois déviant et dérangeant, I am not a serial killer est surtout un film rigoureux, une de ces œuvres bâties sur une force scénaristique à toute épreuve et qui se permet le luxe d’être beaucoup plus subtil qu’il n’y parait. Car O’Brien le sait, en choisissant d’adapter la première “aventure“ de ce héros qui compte aujourd’hui six volumes, il choisit aussi de montrer que les héros adolescents peuvent être plus que de faire-valoir à bluettes aseptisées. Fort de son personnage principal à mille lieues de ce que l’on a coutume de voir dans le genre, O’Brien tisse donc une toile noire et oppressante en ne cherchant jamais à s’excuser ni à se justifier même lors du final plutôt osé. Epaulé dans sa démarche par un tandem de comédiens brillants (très juste Max Records et formidable Christopher Lloyd), le réalisateur nous pond donc un fascinant thriller horrifique qui nous laisse espérer de beaux jours dans le domaine du teen movie fantastique, pour peu qu’on daigne lui donner l’importance suffisante qu’il mérite. A bon entendeur…