I, Robot
États-Unis, 2004
De Alex Proyas
Scénario : Akiva Goldsman, Jeff Vintar
Avec : James Cromwell, Bruce Greenwood, Chi McBride, Bridget Moynahan, Will Smith, Alan Tudyk
Durée : 1h45
Sortie : 28/07/2004
Lorsque le corps du Dr. Lanning est retrouvé écrasé sur le sol de U.S. Robotics, la thèse du suicide paraît être la plus logique. Cependant, l’inspecteur Spooner, persuadé qu’un robot est responsable, va mener son enquête.
(NOT SO) SHORT CIRCUIT
Chronique d’un projet hybride, le parcours du nouveau film d’Alex Proyas a de quoi laisser interrogateur sur la pérennité du film. Initialement, Jeff Vintar (Final Fantasy) avait rédigé un scénario intitulé Hardwired, enquête criminelle classique dans un monde proche de l’esprit d’Isaac Asimov. Lorsque le script arriva jusqu’à la Fox, le studio venait d’acquérir les droits des nouvelles d’Asimov et décida alors de fusionner l’intrigue établie par Vintar dans l’univers créé par Asimov, appliquant notamment les trois lois robotiques conçues par l’auteur. C’est alors qu’intervient Akiva Goldsman (que les geeks connaissent bien pour avoir saccagé la franchise Batman et l’adaptation de Perdus dans l’espace), chargé de tailler le matériau sur mesure pour Will Smith, star mais également producteur du film. Au cours du temps, nombre de scénaristes, comme Mark Rosenthal et Lawrence Konner (responsables de Superman IV) ou encore Hillary Seitz (Insomnia) travailleront sur le projet, sans être crédités. On était alors en droit de se demander ce qui pouvait sortir d’une telle mixture, d’autant plus qu’il s ’agit du premier blockbuster (105 millions de dollars de budget) pour son réalisateur. Là encore, le résultat paraît quelque peu le cul entre deux chaises: d’un côté, un univers froid traversé de scènes émouvantes, de l’autre, un film à l’image de ses robots, dépourvu d’âme. Si Proyas s’avère plutôt à l’aise dans les séquences mettant en scène ses principaux protagonistes (bien qu’elles soient parasitées par un humour dispensable), il peine la plupart du temps à insuffler la dimension nécessaire à l’action, qu’il s’agisse de l’enquête en soi (peu entraînante) ou des péripéties du héros (seul le climax se révèle dynamique).
APPELLEZ–MOI SONNY 5
Bien qu’il s’agisse d’un genre cher à l’auteur (la science-fiction, déjà explorée dans Dark City), l’œuvre paraît donc assez impersonnelle. L’esthétique expressionniste de The Crow et Dark City a disparu, au profit d’une cité futuriste sans originalité (encore une fois, après Paycheck, on pense à Minority Report), peuplé de courbes (là où ses précédents films favorisaient une architecture en lignes droites). Le salut du film se trouve en grande partie dans le personnage de Sonny, le robot au centre de l’histoire. A travers lui et ses échanges avec les autres protagonistes, transpire l’essence même des questions posées par l’existence de créatures mécaniques dotées d’intelligence artificielle. Le fantôme d’Asimov plane sur ces quelques séquences, qui s’approchent également d’A.I. de Steven Spielberg. Par ailleurs, c’est seulement dans ses robots et dans leur évolution au cours de l’histoire que le film trouve son réel intérêt. I, Robot est très loin d’être un produit honteux et demeure riche en bonnes idées (dont certaines restent cependant sous-exploitées). On se demande juste quelle fut exactement l’intention de Proyas en acceptant le projet. A l’exception de certaines scènes touchantes, il ne semble pas s’être approprié le matériau (comme avait pu le faire un John Woo pourtant étouffé par sa star-producteur Tom Cruise sur Mission: Impossible - 2). Certains plans improbables rendus possibles par la technologie numérique et qui apparaissent subitement lors du dénouement (alors que ce genre de délire, certes plaisant, était absent pendant toute la durée du métrage) laissent perplexes. A l’instar de ces plans, aujourd’hui à la portée de tout faiseur nanti d’un budget confortable, le film pourrait être l’œuvre de n’importe quel réalisateur. La déception est donc relative.