I Am Divine

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I Am Divine
États-Unis, 2013
De Jeffrey Schwarz
Durée : 1h30
Sortie : 26/03/2014
Note FilmDeCulte : ****--
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Le réalisateur américain Jeffrey Schwarz a réalisé un documentaire consacré à Divine, muse extravagante de John Waters et star de films cultissimes tels que Pink Flamingos, Female Trouble, Polyester ou encore Hairspray. Entretiens avec des proches, partenaires et fans ainsi que de nombreuses images d'archive constituent ce documentaire...

JE SUIS SUBLIME

Icône dégueulicieuse, figure punk, personnage bigger than life, star du disco, plus belle femme du monde: Harris Glen Milstead (que le monde entier connait sous le doux nom de Divine) a de quoi remplir son CV. Le documentariste Jeffrey Schwarz (lire notre entretien) consacre un documentaire sur l’étoile filante du cinéma de John Waters, dont la célébrité a été fracassante et scandaleuse, scellée par une poignée de films cultes. Il raconte la jeunesse queer de Divine, sa rencontre avec Waters, ses soirées à ingurgiter des alcools bas de gamme et à consommer du LSD en matant des films d’Ingmar Bergman. C’est là que naît Divine : garçon gay de Baltimore dans les années 60, fiancé à une sympathique jeune fille choucroutée, issu d’une famille comme il faut. Bien lisse, avant que la rage flamboyante contre le tout-conformisme n’explose en faisant un boucan d’enfer.

Premier affront aux bonnes consciences : des images d’archives où, presque au lendemain du drame, Waters filme Divine déguisée en Jackie Kennedy, roulant sur le capot arrière de sa voiture alors que les deux larrons reconstituent l’assassinat du président. Un montage désopilant où figure la première contestation de Divine : son corps lui-même. La plus belle femme du monde sera un homme, et elle fera trois fois le poids des plus belles femmes du monde habituelles. Waters comme Divine n’ont eu de cesse d’aller contre les diktats, contre le bon goût et les bonnes mœurs. Potaches ? Oui, à 2000%. Pour Waters, un jaillissement de vomi dans une salle de cinéma équivaut à une standing ovation. Divine, de Pink Flamingos (et son concours de la personne la plus répugnante du monde) à Polyester (et sa parodie de Douglas Sirk) en passant par Female Trouble (où Divine est violée par elle-même), est l’étendard immortel de ce cinéma punk, fier et farceur.

Paradoxalement, le documentaire de Schwarz est de facture très classique : extraits, images d’archive, interventions de proches (Waters bien sûr mais aussi ses partenaires Mink Stole ou Susan Lowe). Il offre à Divine ce qui n’aura pas été possible de son vivant : être le héros d’un film un peu plus classique que les bombes à eau de Waters. Lorsque la mère de Divine s’inquiète de la réputation de sa famille, Schwarz montre des images de son fils travesti en train de se faire violer par un homard géant. Séquence évidemment hilarante, et la force du sujet fait qu’on oublie assez vite la forme assez conventionnelle du documentaire. Jeffrey Schwarz parvient à faire revivre Divine, son rise & fall éclair des tournages guérillas de Baltimore à l’adoubement critique par Pauline Kael, et donne surtout envie de revoir tous ses films.

par Nicolas Bardot

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