Hustle & Flow
États-Unis, 2005
De Craig Brewer
Scénario : Craig Brewer
Avec : Anthony Anderson, Chris "Ludacris" Bridges, Terrence Howard, Taryn Manning, DJ Qualls
Durée : 1h56
Sortie : 07/12/2005
DJay est un "hustler". Il deale. De l’herbe, des prostituées. Traversant la crise de la quarantaine, DJay souhaite faire quelque chose de sa vie et se lance dans le hip-hop.
MOTHERFUCKING P.I.M.P.
"Boyz N The Hood ne pourrait être fait aujourd’hui. Sauf si je le faisais indépendamment comme je l’ai fait avec Hustle & Flow". Ne vous fiez pas aux logos Paramount et MTV qui inaugurent le film, ce deuxième long métrage de l’inconnu Craig Brewer (après l’inédit The Poor & Hungry, tourné en DV en 2000) a été quasi-intégralement financé par John Singleton, le réalisateur du susmentionné Boyz N The Hood. La présence de Singleton n’est pas fortuite. On comprend son attrait pour le scénario de Brewer, inspiré d’expériences personnelles et profondément ancré dans sa ville natale de Memphis, tant il présente une filiation évidente avec l’œuvre de l’auteur de Shaft. Essai amplement transformé, Hustle & Flow est l’exemple même de ce qu’il y a encore de bon dans le cinéma indépendant américain. En dépit des stéréotypes de ce foyer cinématographique et des clichés du genre, Brewer signe un film somme toute classique mais parcouru de touches originales qui le haussent au-delà du sous-8 mile. Le pseudo-biopic urbain avec Eminem était déjà réussi et Brewer ne cherche pas à jouer dans le même registre. Il opte pour une approche plus crue, tant dans la forme que le fond, et décrit de manière impeccable, avec une image granuleuse mais une caméra non-portée, l’univers tristement réaliste d’un mac dans le Sud américain. L’auteur peint un portrait différent à partir d’un archétype mille fois vu et n’hésite pas à écorcher la sympathie que l’on se prend à éprouver pour son protagoniste principal. Dans le rôle de DJay, on retrouve, pour la quatrième fois cette année (après Ray, Collision et Quatre frères) un acteur remarquable, Terrence Howard. Baratineur attachant, patriarche machiste, DJay ne manque jamais d’humanité à travers le jeu d’Howard. A ses côtés, Anthony Anderson (habitué des comédies sans intérêt) et DJ Qualls (abonné aux teen movies débiles) surprennent. Brewer, lui, n’est pas noir. Contrairement aux critiques qu’on lui a faites, cela ne l’empêche pas de prouver son talent dans l’illustration de cette histoire. Avec une mise en scène efficace, tantôt posée, tantôt bouillante, le réalisateur traduit remarquablement l’anxiété de son héros et l’atmosphère poisseuse de Memphis. Il manque juste à Hustle & Flow un petit quelque chose qui le ferait décoller. Au demeurant, il s’agit d’une franche réussite qui plus est très prometteuse.