House of Last Things
États-Unis, 2012
De Michael Bartlett
Scénario : Michael Bartlett
Alan, un critique de musique classique à succès, et son épouse Sarah, une femme encore secouée par un traumatisme passé, décident de quitter leur spacieuse demeure de Portland pour passer des vacances en Italie. Alan fait garder leur maison par Kelly, bientôt rejointe par son frère cadet Tim et son petit ami Jesse. Un jour, Jesse kidnappe Adam, un enfant de huit ans, dans un supermarché. Mais Adam n'est pas celui qu'il semble être. Personne n’est à sa recherche, et il semble exercer un étrange pouvoir sur les occupants de la maison.
LA MAISON AUX MILLE MYSTÈRES
Avant même sa projection hier en compétition officielle, House of Last Things attisait la curiosité. Quel film pouvait se cacher derrière ce pitch évasif, ces visuels éclectiques et ce titre paradoxal, à la fois déjà-vu et définitif? Eh bien un film effectivement fort singulier. Ni home invasion, ni énième thriller à enfant maléfique, House… se révèle un mélange plutôt ambitieux de maison hantée, de dimensions parallèles et de voyages dans le temps. Oui, tout ça à la fois. Tout le sel du long-métrage se trouve justement là : moins dans une éventuelle tentative de détourner les registres classiques que dans ce plaisir communicatif à les compiler dans un joyeux mélange. Si le scénario multiplie les faux-semblants, c’est en effet moins pour nous jeter de la poudre conceptuelle aux yeux que pour épaissir le mystère et expérimenter un cocktail sans temps mort et rempli d’idées à ras-bord.
Pourtant tous ces paris ne sont pas équitablement réussis. Le résultat, parfois bancal, peut se traduire par l’ambivalence suivante : House of Last Things est-il un film maladroit s’empêtrant dans sa propre ambition, où s’agit-il au contraire d’un film courageux et gonflé au point de se moquer des conventions narratives? Sans doute un peu des deux, car sa manière d’envoyer valdinguer les vraisemblances, si jouissive qu’elle soit, ne paraît pas toujours complètement maitrisée (la direction d’acteur est souvent hasardeuse, tirant certaines scènes vers le bas). Mais la gourmandise dont le réalisteur fait preuve à multiplier les surprises est mine de rien très contagieuse, et emporte la mise. House of Last Things est peut-être inégal, mais il sort allégrement des sentiers battus et n’a peur ni de son propre appétit, ni de ses maladresses. En un mot, il possède une qualité dont peu de films peuvent se vanter : il n’a pas peur du ridicule.