Hôtel Rwanda

Hôtel Rwanda
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Hôtel Rwanda
, 2004
De Terry George
Scénario : Terry George, Keir Pearson
Avec : Don Cheadle, Desmond Dube, Nick Nolte, Sophie Okonedo
Durée : 2h01
Sortie : 30/03/2005
Note FilmDeCulte : ****--

1994, la guerre du Rwanda éclate. Les rebelles Hutus commencent l’extermination systématique de leurs voisins d’hier, les Tutsis. Paul Rusesabagina, manager de l’hôtel des Mille Collines, ne pense qu’à sauver sa famille, mais décide quand même de prendre le risque d’héberger des centaines de Tutsis et Hutus modérés. La survie s’organise à l’intérieur de l’hôtel sous la pression constante du pire, que rien ne semble plus pouvoir empêcher. En effet, les casques bleus sont impuissants et le monde occidental se désintéresse du sort des Tutsis.

MESSAGE AU MONDE

L’histoire de ce film est née il y a trois ans, lors d’une rencontre entre Terry George et Paul Rusesabagina, qui lui a alors raconté son histoire. Une terrible histoire qui devait être révélée. Non seulement pour pointer un doigt accusateur envers les puissances occidentales qui, n’ayant aucun intérêt au Rwanda, ont refusé leur aide aux Tutsis, les condamnant ainsi au génocide que l’on sait, mais aussi et surtout pour témoigner de l’horreur qui se résume en deux fois deux chiffres. Cent jours pour un million de morts, ou un homme sauvant 1268 vies. Les faits retracés dans le film représentent à 90% les évènements qui se sont alors déroulés, Terry George ayant choisi de se concentrer sur l’évolution du personnage de Paul au milieu de ce drame plutôt que de représenter les faits sous un format proche du documentaire. En effet, le parti pris du réalisateur fut de minimiser les scènes de boucherie afin qu’un maximum de personnes puissent voir ce film. Il suffit de savoir que l’arme principalement utilisée par les Hutus était la machette et que les Tutsis furent massacrés un par un – un million de personnes - pour comprendre l’impossibilité de mettre des images sur un tel acharnement et une telle haine de l’autre. Cette haine qui fut nourrie dès les premiers instants par la radio Hutu, RTML, qui a joué un rôle déterminant dans le déclenchement du conflit. En effet, la propagande faisait rage et les rebelles étaient férocement incités, jour après jour, à éliminer les "cafards", des listes de noms étant citées à l’antenne pour les aider à trouver les Hutus modérés qui étaient considérés comme des Tutsis et exécutés sans pitié.

UN HEROS ORDINAIRE

Le spectateur ressent une grande impuissance en sortant de la projection d’Hôtel Rwanda. De la colère également. Comment a-t-on pu laisser faire une chose pareille? Mais également comment se sentir coupable, ne sachant rien du drame qui se déroulait? Que vaut la vie d’un homme de nos jours quand elle n’a pas d’enjeu économique? A moins que ce ne soit une question de couleur? Beaucoup de questions qui pourtant n’auraient pas lieu d’être si d’autres n’avaient déjà été posées: pourquoi ce massacre? Pourquoi un tel acharnement, une telle bestialité? Les hommes ne seraient-ils que des animaux qu’il est tout juste bon de laisser s’entretuer? Tant qu’il y aura des hommes comme Paul Rusesabagina, la réponse sera non. La caméra de Terry George montre au spectateur comment au milieu de tant de bestialité, l’humanité d’un homme donne de l’espoir. Son film repose sur les épaules de Paul. Il était donc primordial que l’acteur choisi pour ce rôle puisse incarner cette humanité, cet héroïsme ordinaire. En Don Cheadle (Ocean’s Twelve), Terry George a trouvé l’acteur idéal et le spectateur se prend d’emblée d’affection et tremble de concert pour lui et sa famille. De même, Sophie Okonedo (Dirty Pretty Things), qui interprète Tatiana, la compagne de Paul, et qui fut sélectionnée pour l’Oscar du meilleur second rôle pour sa performance, ajoute une dimension extra humaine au drame qui se joue. Les deux acteurs ont réussi à transposer à l’écran la grande complicité qui unissait ce couple et qui fut si importante dans le déroulement des faits. Nick Nolte et Joaquin Phoenix complètent ce casting, le premier jouant l’impuissant chef des casques bleus et le second le caméraman américain traumatisé par les images qu’il ne pourra effacer de sa mémoire. Après le génocide du Rwanda, tout devait être mis en œuvre pour éviter qu’un tel drame ne puisse se réitérer et c’est pourtant ce qui arrive en ce moment au Congo et au Soudan…

par Carine Filloux

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