Hot Fuzz
, 2007
De Edgar Wright
Scénario : Simon Pegg, Edgar Wright
Avec : Jim Broadbent, Paddy Considine, Timothy Dalton, Nick Frost, Simon Pegg
Durée : 2h00
Sortie : 18/07/2007
A Londres, le policier Nicholas Angel est le meilleur de son équipe. Tellement bon qu'il fait passer ses collègues pour de simples gardiens de la paix. Le chef de la brigade décide donc de le "promouvoir" dans le petit village de Sandford, où il ne se passe rien. Aux côtés du policier local Danny Butterman qui rêve de devenir Mel Gibson, Nicholas règle quelques contraventions sans grand intérêt. Une série de crimes étranges va le remettre dans l'action...
L’UNION SACREE
Non content d’avoir signé une série et un film déjà cultes (la méconnue Spaced et Shaun of the Dead), le tandem composé par Edgar Wright (scénariste-réalisateur) et Simon Pegg (scénariste-comédien) revient avec Hot Fuzz, cocktail de références sacrément secoué destiné à être célébré à son tour. Après avoir rendu hommage au film de zombie (et à la comédie romantique bien sûr), le duo fait subir le même traitement au cinéma d’action et plus particulièrement au buddy movie, cette catégorie spécifique du genre qui voit immanquablement deux hommes que tout oppose devenir partenaires dans une enquête policière afin de vaincre les méchants et attention ça va chier. La fine équipe constituée par Pegg et Wright, mais également l’acteur Nick Frost ainsi que d’autres habitués, fait une nouvelle fois preuve d’un incroyable savoir-faire dans la digestion d’influences et de genres divers et nous offre un spectacle dans la directe lignée du précédent. Dans Shaun of the Dead, l’originalité vient notamment du fait qu’il ne s’agit aucunement d’une parodie. Jamais le film ne fait le choix du pastiche évident comme les comédies du trio Zucker-Abraham-Zucker (les Y a-t-il… ?) ou la plus récente vague de déclinaisons en "Movie" (Scary Movie, Sexy Movie, Big Movie, etc.). Jamais n’aborde-t-il non plus son histoire par le biais d’un second degré poussif comme le fait par exemple un Stephen Sommers (Un cri dans l’océan, La Momie et sa suite). Le rire reste globalement extra-diégétique, extérieur aux événements vécus par les personnages pour qui tout est très sérieux, voire dramatique. Pendant près d’une heure, Hot Fuzz joue sur cette même corde raide avant de se laisser aller plus facilement à un esprit parodique dans un climax un peu trop long. Mais la surenchère de gags qui s’ensuit compense largement ce léger bémol.
ÇA FUZZ DANS TOUS LES SENS
Tout le long, on reste loin d’un humour gras ou de détournement de scènes célèbres. Les auteurs préfèrent digérer leurs modèles afin de donner naissance à un maëlstrom de clins d’œil et de repères connus des amateurs du genre, riche et tout simplement jubilatoire. A tous les niveaux, du scénario à la mise en scène en passant par le montage et les choix musicaux, osant même le gore, Hot Fuzz fait preuve d’un mélange des genres à la fois outrancier et subtil. Qu'il s'agisse de l'introduction et de son surdécoupage on ne peut plus agressif, ou du rythme général, empruntés en partie à Michael Bay (directement cité via Bad Boys II et plusieurs plans dédicace comme son fameux travelling circulaire), ou de petites perles comme l'utilisation de la musique de la bande-annonce de L'Arme Fatale 3 & 4, ou encore l'inévitable scène dite de "l'armement" comme dans tout bon film d’action des années 80 tel que Commando, ou encore la parodie de Point Break, Wright et Pegg n’en finissent plus de revisiter joyeusement les codes du genre. Et ce, sans perdre leur propre voix. Effectivement, les connaisseurs remarqueront les quelques marques de fabrique du réalisateur (ce même goût pour la routine exacerbée par un montage très cut) ainsi que certaines auto-allusions (le Cornetto) et autres pointes d’humour absurde typiquement british (la fleur de lune, le flic qui marmonne). Jamais le film ne se moque de ses prédécesseurs. Hot Fuzz transpire l’amour, au travers de ces références ou même de sa galerie de seconds rôles, tous tenus par des visages connus (un ancien James Bond, un adversaire d’Indiana Jones, etc.), et si le film s’avère un tantinet moins attachant que Shaun of the Dead, il n’en demeure pas moins hilarant.