Hostel – chapitre II
Hostel – Part II
États-Unis, 2007
De Eli Roth
Scénario : Eli Roth
Avec : Roger Bart, Jay Hernandez, Heather Matarazzo
Durée : 1h33
Sortie : 11/07/2007
Alors qu'elles sont en vacances en Europe, Beth, Lorna et Whitney, trois jeunes Américaines, rencontrent une superbe femme. Celle-ci se propose de leur faire découvrir pour un week-end un établissement de cure où elles pourront se reposer et s'amuser. Attirées par cette offre, les trois jeunes femmes la suivent et tombent dans son piège. Livrées à de riches clients associant l'horreur au plaisir, les trois jeunes femmes vont vivre un cauchemar absolu...
ET ÇA CONTINUE EN GORE ET EN GORE
Après Cabin Fever, Eli Roth confirmait tout le bien qu’on pensait de lui avec Hostel, un film à ranger dans le courant favorable au cinéma d’horreur actuellement en vogue, faisant de son metteur en scène un membre du "Splat Pack" (d’après le Rat Pack de Frank Sinatra), groupe de réalisateurs en activité dans ledit registre parmi lesquels on peut compter Alexandre Aja (Haute Tension, La Colline a des yeux), Rob Zombie (La Maison des 1000 morts, The Devil’s Rejects) ou encore James Wan (Saw, et bientôt Dead Silence). Roth n’avait alors nul besoin de venir signer la suite de son deuxième long métrage mais c’est oublier que les franchises à multiples épisodes sont monnaie courante pour le genre. Cependant, alors que l’on aurait pu croire à une redite, le réalisateur complète et approfondit l'univers de son film. Dès le départ, il est très clair que Hostel II souffre plus ou moins du même principal défaut de structure que son prédécesseur: il prend un temps incroyablement long à exposer son intrigue, un préambule dont cette suite aurait pu quelque peu se passer étant donné que les bases ont déjà été posées. Néanmoins, et c'est là que la principale valeur ajoutée de cette séquelle se dénote, Roth choisit cette fois de nous montrer les deux points de vue, celui des victimes mais également celui de leurs bourreaux. En cela, Roth enrichit sa création en montrant les ramifications de l'entreprise de torture aperçue dans le chapitre antérieur. Et ce, toujours en humour et en horreur. De plus, conscient de s’adresser à un public qui connaît l’histoire, vu qu’il s’agit sensiblement de la même qu’avant, le réalisateur se joue des attentes du spectateur. Avec ce deuxième voyage en Slovaquie, Eli Roth passe à la vitesse supérieure.
C’EST QUE LE DEBUT D’UN CORPS A CORPS
Alors qu'il donne dans un premier temps l'impression de livrer, comme beaucoup de suites de films d'horreur, un simple remake du volet originel, en s'appuyant notamment sur les mêmes archétypes, il est intéressant de constater comment le metteur en scène s'amuse à revisiter presque point par point les scènes, parfois les plus anodines, de l'opus précédent en laissant les séquences se prolonger. Roth choisit soudainement de changer de point de vue pour adopter celui des employés de la franchise, révélant, comme des scènes coupées, la vérité cachée dans les ellipses du premier épisode, nous permettant ainsi de pénétrer plus loin dans les sombres coulisses de ce jeu de massacre. Par la même occasion, l’auteur développe un peu plus la thématique évoquée tantôt, où les Américains venus profiter du tourisme sexuel se retrouvaient prostitués à leur tour aux désirs de riches clients avides de sensations toujours plus fortes. Ici, la métaphore n’en est plus une et les victimes sont littéralement "pimpées", maquillées et habillées, pour être ensuite vendues. Le fait qu’il s’agisse cette fois de protagonistes féminins n’est pas non plus innocent. Avant même d’arriver à l’entrepôt où elles seront torturées, nos héroïnes vivent dans un monde clairement misogyne, où elles sont considérées comme des salopes par les hommes et où mêmes les gamins les traitent de "putes". Roth parle de "film d’horreur féministe" et devant l’exutoire final, on se dit que le film de vengeance ‘70s si cher à son producteur Tarantino n’est pas bien loin.
C’EST TOUJOURS LE MÊME FILM QUI PASSE
L'autre atout majeur du metteur en scène sur cette suite, et qui témoigne d’un certain talent en la matière, est de prendre quasi-systématiquement à contre-pied les présomptions du public. Ce que l'on croit être vrai ne l'est pas, qui l'on croit être un principal protagoniste ne le sera pas. Qui est en sécurité, qui finalement ne l'est pas, ou même qui verra-t-on à poil et qui ne verra-t-on pas, on ne sait pas... Une fois qu’il a saisi ce renversement des règles, le spectateur peut alors s'amuser à son tour à deviner ce qui va se passer. Cette optique permet à Roth de ne pas se cantonner à répéter bêtement l’exercice du premier épisode. De toute façon, il paraît clair que le cinéma d’Eli Roth ne répond pas forcément aux attentes des fans du genre. On remarque une volonté réelle, peut-être maladroite, de faire un vrai film, et non un vulgaire film d’horreur. C’est pourquoi, au risque de laisser sur leur faim ceux qui espéraient une débauche de viande rouge, il s’attarde autant sur des détails, sur son histoire, son univers, etc. Bien que ce deuxième chapitre en montre davantage, même au niveau du gore, l’approche reste la même: on note finalement assez peu de scènes de torture ou de mise à mort (toutes jouissives cela dit, notamment une scène à la qualité épidermique façon Cabin Fever) et Roth se plaît à désamorcer souvent la tension par de l’humour. Peut-être y perd-il au change mais il semble que la peur pure ne soit pas tellement son objectif premier et qu'il vise davantage l'horreur de la situation, avec ce qu’elle peut contenir d'absurde et donc de drôle pour le public. A ce titre, une simple scène d'enchères s’avère être probablement la séquence la plus parlante de l'œuvre. Avec Hostel – chapitre II, Eli Roth évolue tout en restant fidèle à lui-même. Avec son prochain film, Cellulaire, adapté de Stephen King, on espère qu’il saura une fois de plus se renouveler tout en passant à autre chose.