Hostel
États-Unis, 2005
De Eli Roth
Scénario : Eli Roth
Avec : Eythor Gudjonsson, Jay Hernandez, Barbara Nedeljakova, Derek Richardson, Jan Vlasák
Durée : 1h35
Sortie : 01/03/2006
Deux étudiants américains, Paxton et Josh, partent découvrir l'Europe. Avec Oli, un Islandais qu'ils ont rencontré en chemin, ils se retrouvent dans une petite ville de Slovaquie décrite comme le nirvana des vacances de débauche. Ce voyage-là va les conduire au bout de l'horreur...
THE UGLY AMERICANS
Lorsqu’il écrit et réalise Cabin Fever, Eli Roth s’inspire d’expériences personnelles et choisit comme tueur de son film un virus mangeur de chair à l’instar de celui qu’il avait autrefois contracté. Réalisant un hommage à Evil Dead ou encore Massacre à la tronçonneuse, le metteur en scène marquait également le souhait de revenir à un cinéma d’horreur plus débridé, liant allègrement humour et dégoût pour le plaisir des spectateurs, en apportant une certaine crédibilité à des personnages et des situations mille fois vus. Son nouvel opus s’inscrit dans la directe lignée du précédent. Quiconque a déjà voyagé entre potes allant d’une auberge de jeunesse à l’autre trouvera des scènes familières durant la première heure d’un film qui se compose de trois actes. Le premier, malheureusement trop long, expose les faits: trois étrangers parcourent les pays européens, de plus en plus en proie à la débauche. Ensuite, une personne leur confie: "En Europe de l’Est, tu peux faire tout ce que tu veux, moyennant finances", et la couleur est annoncée. Point de départ du projet, un site Internet proposant des "vacances meurtrières" où, pour la modique somme de 10.000 dollars, on peut tuer quelqu’un. Inspiré par l’omniscience du média (on peut vraiment trouver de TOUT sur Internet), Roth en évoque l’omnipotence (on peut TOUT faire sachant qu’il y aura toujours quelqu’un pour regarder). Le deuxième acte s’ouvre alors sur un spectacle de torture proposant une mise en abyme (n’allons-nous pas, nous aussi, voir des gens se faire torturer?) où même Takashi Miike (influence indéniable, notamment pour ce qui est des fluides corporels jaunâtres) vient jouer son propre rôle. Celui d’un réalisateur inspiré par cette exhibition horrifique? Peut-être. Hostel pourrait presque passer pour un miroir de la société, avec ses gamins prêts à tuer pour du chewing-gum, ses Américains arrogants que l’on punit, et son voyeurisme jusqu’à l’extrême. Le troisième acte viendra alors montrer ce que le protagoniste devient suite à ces épreuves, en guise de triste conclusion. Sachant doser avec brio le premier et le second degré, Eli Roth signe une fois de plus un film loin d’être parfait mais sacrément jouissif, bien que l’on aurait voulu plus de gore. Toujours plus.