Hors-la-loi
Algérie, 2010
De Rachid Bouchareb
Scénario : Rachid Bouchareb, Olivier Lorelle
Avec : Bernard Blancan, Sami Bouajila, Jamel Debbouze, Roschdy Zem
Photo : Christophe Beaucarne
Musique : Armand Amar
Durée : 2h17
Sortie : 22/09/2010
Chassés de leur terre algérienne, trois frères et leur mère sont séparés. Messaoud s’engage en Indochine. A Paris, Abdelkader prend la tête du mouvement pour l’Indépendance de l’Algérie et Saïd fait fortune dans les bouges et les clubs de boxe de Pigalle. Leur destin, scellé autour de l’amour d’une mère, se mêlera inexorablement à celui d’une nation en lutte pour sa liberté...
HORS JEU
On a beaucoup parlé, et ce avant même que le film soit vu, de polémique au sujet du Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, suite d'Indigènes qui avait remporté un prix d'interprétation collectif à Cannes en 2006 (mêmes acteurs ici, sauf Samy Naceri, mais personnages différents). Pourtant, si Hors-la-loi a un problème, plus qu'une quelconque vision partisane de l'Histoire (alors que la représentation mise en cause du massacre de Sétif est finalement assez expédiée), c'est surtout sa médiocrité. Là où Indigènes était un peu bridé par son côté sortie scolaire mais avait le mérite de combler un trou dans les manuels d'Histoire, Hors-la-loi simplifie à outrance, jusqu'à manquer totalement sa cible. La lutte armée n'est ici histoire que de vengeance, d'un boxeur qui prendra le dessus sur son adversaire (subtilité de la métaphore), avec d'un côté Sami Bouajila devenu totalement illuminé (et qui sur-articule les syllabes de toutes ses répliques comme s'il jouait dans Les Aventures de Reinette et de Mirabelle), et de l'autre Bernard Blancan en super méchant comme échappé d'Avatar, les muscles en moins. Tristesse du traitement donc, pour un film qui ne semble proposer que la haine contre la haine en ôtant la complexité de ses personnages, avec ses scènes spectaculaires épate-mémé et chromos peu inspirés. "Il faut la raconter, cette histoire, que nos enfants la voient", comme nous l'indiquait une voisine de projection. On pourra aussi leur conseiller une vision moins prisonnière de la caricature, ou, mieux, un bon film.