Horns

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Horns
États-Unis, 2013
De Alexandre Aja
Avec : Daniel Radcliffe, Juno Temple
Durée : 1h59
Sortie : 01/10/2014
Note FilmDeCulte : ------
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Soupçonné d’avoir assassiné sa fiancée, rejeté par tous ceux qu’il connaît, Ignatius a sombré dans le désespoir. Un matin, il se réveille avec une paire de cornes sur la tête. Celles-ci lui donnent un étrange pouvoir, celui de faire avouer leurs plus noirs secrets aux gens qu’il croise. Ignatius se lance alors à la recherche du véritable meurtrier…

C'EST LA CATA DU DÉMON

Présenté il y a plus d’un an au Festival de Toronto et quelques jours plus tard au Fantastic Fest d’Austin, Horns d’Alexandre Aja a tout simplement été invisible depuis. Un an après sa mise sous cloche, on comprend mieux en découvrant l’ampleur du désastre. Après la pure horreur de son remake très réussi de La Colline a des yeux, son remake plus oubliable Mirrors puis son joyeux remake gore Piranha 3D, Alexandre Aja s’attaque cette fois à un projet original avec cette adaptation d’un roman écrit par Joe Hill (fiston de Stephen King). On ne sait pas si le roman tient debout, mais le scénario de Keith Bunin (son premier après son travail sur la série En analyse) est un des plus mal torchés vus au cinéma ces dernières années.

Il y avait pourtant quelque chose d’excitant dans cette farce fantastique qui marie l’humour grotesque et les touches d’horreur. Le premier problème de l’écriture est que le passage d’un registre à l’autre nécessite un doigté qui est à des années lumières des capacités de Bunin. Les ruptures de ton tombent à plat comme les blagues d’un tonton bourré à un banquet (et là, on ne parle pas spécialement des vannes gay de 1994 qui feraient se gondoler le Gabriel Aghion du dernier rang). Résultat : quand le personnage principal, accusé de meurtre et qui se réveille un jour avec des cornes de diable sur le front, a le pouvoir de faire se confesser ceux qu’il croise, on a surtout l’impression qu’il a le pouvoir de faire cabotiner ses partenaires comme des cochons pour que ceux-ci éructent des dialogues débiles avec une psychologie de bœuf. Pire, comment rendre intéressant une demi seconde un suspens dont la résolution tient juste sur ce principe : demandez quoi que ce soit aux personnages et ils l’avoueront. De suite. Il faut se frotter les yeux devant l’écran pour croire que cette facilité hallucinante de paresse n’aura freiné personne dans cette histoire. Comme il faut se pincer pour, sans en dévoiler trop, accepter ce dernier tiers où chaque personnage semble oublier ce qui s’est passé la scène d’avant (ou pendant tout le film), comme dans un épisode des Mystères de l’amour.

Il y a les films auxquels on fait passer le test Bechdel. C’est un autre sujet, mais Horns, avec son histoire de sinistres puceaux voulant se taper une meuf en forme de personnage Tintin (ce type de perso censé être positif mais qui est aussi misogyne qu’une pure héroïne misogyne puisqu’elle n’a même pas le droit d’avoir de la personnalité – juste celle d’une égérie Timotei), Horns donc ne le relèverait certainement pas. Mais il y a aussi le test chaussette. Celui qui s’applique à ce type de films tellement bêtes, aux dialogues échappés d’un courrier des lecteurs de Starclub, servis par des acteurs qui, accusés d’une chose horrible, font la même mine que vous lorsque vous découvrez dans votre frigo que la date de péremption de votre beurre est dépassée. Le principe : remplacez tous les acteurs par des chaussettes qui parlent, essayez de voir la différence. Pas sûr qu’elle soit flagrante dans le cas de Horns, malgré la performance honnête de Daniel Radcliffe. Le dernier clou dans le cercueil de Horns reste cette horrible morale cul béni, dans la mouvance de ces récents films horrifiques à l’opposé même de l’esprit contestataire du genre, et qui donne l’impression de voir le film fantastique que Béatrice Bourges pourrait montrer à ses enfants. Autant vous dire qu’il n’est pas vraiment à notre goût.

par Nicolas Bardot

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